Ukraine-Russie, une vision en perspective qui contraste avec le conformisme hystérique habituel

Le Figaro a récemment publié un entretien avec Jean-François Colosimo, historien et spécialiste du monde orthodoxe. Ce texte est passionnant par sa manière d’appréhender le conflit. Il s’efforce d’en identifier les origines en puisant dans mille ans d’histoire, sans pour autant éluder les responsabilités individuelles de la tragédie.

De cette histoire il déduit – avec beaucoup d’humilité – quelques leçons pour aujourd’hui. On n’est évidemment pas forcé d’être d’accord avec tout ce qu’il dit. Reste que cette analyse exprime un effort de de réflexion prospective qui contraste fort avec le conformisme hystérique et superficiel des stratèges de plateau. Voici de brefs extraits de ce document:

« On peut toujours estimer qu’un vrai maître du bluff n’annonce pas, comme l’a fait Vladimir Poutine, qu’il «ne bluffe pas». Mais ce peut être aussi se tromper sur la fanatisation suicidaire à laquelle conduit inexorablement une rupture grandissante avec le réel. Vladimir Poutine ayant d’ores et déjà perdu son pari insensé, que lui reste-t-il à perdre, sinon tout?

Les Ukrainiens et les Américains semblent désormais non seulement croire à la victoire, mais aussi à un changement de régime en Russie. Cela est-il possible et souhaitable?

La finalité est claire: une Ukraine libre, une Russie libérée, une Europe affranchie du spectre Poutine, l’ultime tyran du Vieux Continent, avec le biélorusse Alexandre Loukachenko. Le résultat, plus qu’incertain. Ce qui nous obligera demain, si l’on veut une paix durable, à reconstruire physiquement Kiev et, dans le même temps, à réparer mentalement Moscou. C’est toutefois une autre illusion, cette fois progressiste, de croire qu’un meilleur régime peut aisément succéder à celui qui est aujourd’hui en place au Kremlin. Les forces vives de la Russie sont en prison, en exil ou sur les routes. Elles auront demain à affronter l’anathème universel. Veillons, à notre tour, à ne pas nous montrer manichéens.

Quel rôle pouvons-nous jouer dans la résolution de ce conflit?

La vraie nouvelle de la guerre d’Ukraine, c’est l’isolement de l’Occident, conspué au Sud, en Afrique, en Asie, en Amérique latine pour son hypocrisie présumée. Or cet Occident n’existe pas. L’Amérique décide, l’Europe exécute. Nous sommes pourtant en première ligne dans tous les Orients, à l’Est, au Caucase et en Méditerranée. Le farouche désir d’indépendance de l’Ukraine serait pour nos gouvernants à méditer comme un exemple à suivre. »

Author: Redaction