Trop tard… (pour Atlantico)

Entre les procès expéditifs des Gilets Jaunes, le cas Piotr Pavlenski ou la peur grandissante des réseaux sociaux, il semble que les hommes politiques n’adoptent plus que des positions défensives pour limiter la crise de défiance de la population à leur égard.

Pourquoi un tel aveux de faiblesse de la part des hommes politiques ? Pourquoi se sentent-ils aussi menacés ?

Peut-être ne faut-il pas généraliser, mais le constat s’applique en tout cas à la classe politique issue du « nouveau monde », le séisme des présidentielles et législatives de 2017. La politique est devenue avant tout une affaire d’ego et de narcissisme. Ils vivent dans l’obsession de leur image et comme ils disent de leur « trace dans l’histoire ». Quand ils agissent ou prétendent agir, il y a toujours en toile de fond, l’obsession du paraître. Voyez la réforme des retraites : la cohérence, l’utilité, la valeur ajoutée pour le pays n’est pas leur affaire. Tout ce qu’ils veulent, c’est donner l’image de ceux qui transforment le pays contre les obstacles. L’impact réel, financier, social pour le pays de cette réforme, sévèrement critiquée par le Conseil d’Etat, n’est pas leur problème.  Dès lors, ils se trouvent en situation extrêmement fragile. Dès lors qu’ils misent tout sur l’image, sur l’apparence, la communication à outrance et non pas sur une action et des résultats, ils sont dangereusement exposés à toute opération de déstabilisation de cette image. D’où la peur panique que suscite l’affaire Griveaux et les réactions à l’évidence disproportionnées ou dangereuses pour les libertés comme l’idée d’interdire Twitter ou d’instaurer une censure d’Etat sur la Toile. L’échange autour de la vie privée de M. Faure témoigne de cette étrange perte des repères sous l’effet de la panique.

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Quelles propositions d’action peuvent être mises en place pour que les hommes politiques puissent regagner la confiance des électeurs ? Est-ce faisable ?

Sans doute est-il trop tard pour l’équipe au pouvoir issue du « nouveau monde ». Le pli est pris : elle ne regagnera plus jamais la confiance du peuple. Son péché mortel, dès le début, est de l’avoir méprisé ouvertement par les mots comme par les actes. Si elle était reconduite en 2022, ce serait par un nouvel accident électoral, en l’absence d’alternative, mais sûrement pas en raison d’un regain de confiance. Le sentiment d’un peuple envers ses dirigeants relève des profondeurs de l’inconscient collectif et ne peut modifier son cours en quelques mois ou années. La leçon servira-t-elle dans l’avenir, pour l’équipe qui leur succédera ? La clé d’un retour à la confiance tient au comportement des responsables politiques. Par leur discours et leur action, ils doivent se montrer comme les serviteurs de la Nation et non des demi-dieux arrogants. Leur unique devoir est de répondre clairement et efficacement, concrètement aux préoccupations du pays : l’insécurité, la maîtrise des frontières, la lutte contre l’islamisme politique, la pauvreté, le chômage, l’écrasement fiscal et la dette publique. Les Français savent bien qu’il n’existe pas de remède miracle, mais ils attendent au moins de leurs dirigeants qu’ils montrent qu’ils ont fait tout leur possible pour répondre à ces attentes, sans la moindre idée de s’accrocher indéfiniment au pouvoir et sans l’obsession de la réélection. Un signe de la fin du mépris du peuple pourrait être l’organisation ponctuelle de referendums sur les sujets essentiels, comme du temps de de Gaulle.

 

Author: Redaction