Il paraît que le président Sarkozy a été mis en examen ce soir, dans l’affaire Bygmalion. Jai beaucoup de mes amis de l’Elysée qui à des degrés divers sont inquiétés, M. Claude Guéant, mon amie Emmanuelle Mignon, Guillaume Lambert, etc. J’en souffre, sincèrement, je souffre pour eux. Je les aimais bien, ceux-là, ceux qui en ont pris plein la figure. Le souvenir de ces années s’efface peu à peu et se connote d’amertume avec le temps. Quatre ans, déjà et quinze ans que tout a commencé. Nous étions une belle équipe, qui avait une immense envie de bien faire, de changer la France, d’œuvrer au bien commun, d’être utile à son pays, tout simplement. Qu’en reste-t-il? De la poussière et des larmes. Le sentiment d’injustice est le plus douloureux qui soit. Je songe à tous les salopards qui se réjouissent du malheur des autres. Je me fous complètement de l’opinion politique des gens, quelle qu’elle soit, je ne juge jamais quelqu’un pour ses idées, jamais. Mais les salopards, qui se réjouissent du malheur des autres, je ne les aime vraiment pas. J’ai beaucoup réfléchi à cette époque. Il faut une bonne dose d’imbécillité pour penser que le bonheur est possible en politique. Au contraire, politique et malheur marchent main dans la main. Il n’existe aucune ascension qui ne soit suivie d’une chute. S’imaginer indispensable est le plus court chemin qui mène à l’enfer, celui des Palais de justice, des maisons de fous ou bien pire encore, au spectacle du jour, celui du ridicule. Il faudra réinventer la politique de A à Z, y introduire le culte de l’anonymat, de la discrétion, du collectif, du silence, de la volonté générale, comme seul guide, de la res publica, de la chose publique, de la démocratie en un mot.
Maxime TANDONNET