Depuis hier, j’ai rencontré au moins trois personnes qui m’ont spontanément parlé du décès de Benoît Duquesne. Cette mort suscite une authentique émotion parmi les gens du quotidien, croisés dans la rue ou sur la marché du samedi, dont nous sommes. Pourquoi? Son visage m’ était familier, même si de nom, je ne l’aurais pas situé. Le journaliste appartenait à cette génération nombreuse du baby boom, juste un peu plus vieux que je ne le suis, celle, privilégiée, ou les filles s’appelaient Catherine et Sylvie, les garçons Jean, Michel ou Benoît. L’image qu’il donnait était aux antipode de l’époque actuelle et de ses idoles médiatiques: discret, respectueux, calme, pondéré, modéré, simple, sans haine, ni prétention ni agressivité. Dans le flou de ma mémoire lointaine, je me demande s’il ne m’avait pas invité à une émission sur France télévision, en 2003 ou 2004 pour présenter l’un de mes livres. Oui, je crois bien que c’était lui, gentil, curieux, ouvert, tolérant. Cette disparition à 56 ans, nous touche. Elle nous dit que tout peut s’arrêter à tout moment, d’un seul coup, sans crier gare, en pleine force de l’âge. J’y pensais en jouant au tennis ce matin, et j’ai perdu, 3-6, 5-7. Il faut tout relativiser, nos déceptions personnelles, notre inquiétude ou révolte collective, nos échecs, et même nos humiliations. Et profiter au mieux du moment présent, de chaque minute qui passe. Je profite de cette chronique intimiste pour remercier les visiteurs et les intervenants sur ces pages, dont les commentaires, imprégnés de sagesse, de modération et de bon sens, sont une source de réel enrichissement.
Maxime TANDONNET