Dans une tribune publiée hier par le Figaro Vox, j’explique que j’approuve la promesse de deux candidats aux présidentielles, M. Juppé et M. Fillon, de ne pas se présenter pour un second mandat en 2022. Les commentaires des lecteurs démontrent une incompréhension de mes propos. Cette chronique ne visait en aucun cas à prendre parti pour les deux contre un autre candidat. Pas du tout, mais simplement à souligner que selon moi, l’idée d’un mandat unique est la bonne. L’idéal serait de revenir au septennat devenu non renouvelable, mais il faudrait une révision constitutionnelle. Donc à droit constant, je ne peux qu’approuver le choix fait par M. Juppé et M. Fillon. Pourquoi? J’aimerais que mes visiteurs essayent de me comprendre sur un point fondamental qui passe toujours très mal. J’ai travaillé 4 ans et demi à l’Elysée, comme conseiller du Prince. J’ai écrit un livre sur l’histoire des présidents de la République, aux éditions Perrin en 2013 qui m’a demandé une masse de recherches et de lectures gigantesques. Aujourd’hui, contrairement à hier, je suis persuadé que la présidence de la République, dans sa version actuelle, depuis 2000, est devenue le fléau de la France. Elle n’a plus rien à voir avec la présidence souveraine créée par le Général de Gaulle. Supposé cumuler tous les pouvoirs, à la fois chef d’Etat et chef de gouvernement, l’hôte de l’Elysée incarne de fait l’impuissance publique, la tragédie d’un peuple, les souffrances et les angoisses populaires. Obsédé par sa réélection et sa popularité, sa présence médiatique – le besoin d’être aimé, admiré – son prestige, sa « trace dans l’histoire », il est dans l’incapacité absolue de lancer et de gérer lui-même les vraies réformes en profondeur dont la France a besoin en matière économique, sécuritaire, institutionnelle, migratoire… Donc il communique, fait semblant, gesticule. D’où le déclin du pays, décennie après décennie, faute de pouvoir faire les réformes nécessaires, son vertigineux décrochage notamment par rapport à l’Allemagne. Attention! le régime actuel n’a rien d’un système d’autorité. Au contraire, il est faible et impuissant. Et dans l’état actuel des choses, n’importe quel personnage, à la place de l’actuel président, plongerait la France, un peu plus ou un peu moins, dans le même cauchemar. Je pense que le non renouvellement du mandat, si possible un septennat (mais pour l’instant c’est le quinquennat), sans être une solution miracle, irait dans le bon sens. Cette formule serait peut-être de nature à renforcer la dimension souveraine d’homme d’Etat – gaullienne – et la hauteur de l’institution présidentielle tout en libérant l’espace pour un Premier ministre et un Gouvernement engagés à réformer le pays en profondeur, à prendre des risques, à assumer sa responsabilité, à remettre la France dans le droit chemin. Je ne prétends pas détenir la vérité. Mais ce que j’affirme là est le fruit de l’expérience et d’une réflexion. Je le crois profondément.
Maxime TANDONNET