Bonjour, je lis ce texte par hasard. Je suis professeur de français en lycée, et ce qui est écrit ici, je le pense et essaie de le dire quasiment depuis mes débuts dans l’enseignement (2002): au moins suis-je rassurée de constater que je ne suis pas folle… en effet, c’est bien joli de théoriser tout cela, mais enfin venez faire un tour non seulement dans les salles de classe, mais aussi dans les salles de professeurs, les bureaux des directeurs ou encore les directions diocésaines (j’enseigne dans le privé sous contrat: je croyais naïvement mettre mes pas dans ceux de St François de Sales, Pascal ou St JB de La Salle). Partout règne l’ignorance, bien que tout le monde soit fort gentil et dévoué. Pas question de faire du français la reine des matières: le professeur d’arts plastiques serait vexé. Pas question d’enseigner les auteurs chrétiens: d’ailleurs, qui les connaît encore? Pas question de revenir à l’apprentissage de la grammaire dans les petites classes: priorités « aux » intelligences sur « l’ » intelligence. Pas question de rendre les cours de catéchisme obligatoires au collège et lycée: cela prouve que vous êtes fasciste ou raciste. Pas question de toute façon d’écouter un professeur y compris s’il a plus lu et réfléchi sur les questions éducatives que ses supérieurs: le professeur est là pour faire ce qu’on lui dit, pas pour comprendre, pas pour débattre, pas pour réfléchir. C’est un environnement très déprimant.
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Bonjour Maxime,
enseignant dans le supérieur, ce qui me frappe le plus chez les étudiants, ce n’est pas tant l’absence de maîtrise de la langue (orthographe par ex.), qui certes n’est pas brillant, mais plutôt l’incapacité à organiser leur apprentissage. Rester assis pendant 2 h sans papoter et tapoter sur un smartphone dévient une performance pour nombre d’entre-eux. Répondre à une consigne (en plus dans les temps), comme par exemple rendre une compte-rendu de TP ne semble plus vécu comme une obligation (un devoir) pour le quart de ma promotion actuelle (DUT 1). Cette analyse est partagée par mes collègues. En fait, nos gamins n’ont juste pas appris à apprendre (écouter, réfléchir, poser des conclusions, tenter de les étayer ou de les réfuter, vérifier le « bon sens » d’un résultat expérimental (certains prétendent avoir des fréquences cardiaques à 6 bpm car ils ne maîtrisent mal la règle de 3), etc…
« Apprendre à Apprendre, cela s’apprend », « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif » . « Personne n’a jamais atteint la maîtrise de quoique ce soit sans posséder les fondamentaux », etc…on entend ce genre de propos dès que les enseignants discutent entre eux du niveau des étudiants « MOYENS » . Nous remarquons quand même que d’année en année les cancres restent des cancres mais aussi que les cadors de promo restent toujours à un très haut niveau. Il y a donc de l’espoir. Ce qui frappe le plus, c’est bien le niveau de plus en plus médiocre du « ventre mou » des promotions qui se succèdent. Et on observe des dégradations de ce niveau sur des cycles de 2-3 ans.
Le mal est plus profond et plus lointain que les années 80, même si je partage la vision l’institut Diderot. Lors de ma dernière Présidence de jury de bac (il y a 3/4 ans), nous avions plus de mentions Bien et Très Bien que de recalés (et 86% de réussite dans ce jury). Cela en dit long sur la valeur du premier diplôme universitaire. En demandant seulement aux élèves de remplir leurs copies avec leur nom, prénom et date de naissance, nous arriverons (peut être) à 100% de réussite au bac.
Le bac est tellement sans valeur que la dernière Ministre de l’EN vient par décret de mettre en place la sélection par le tirage au sort dans les filières en tension : cela revient à dire qu’un bachelier S avec mention TB ne tire aucun avantage pour intégrer une formation universitaire sous tension à valence plutôt scientifique (par ex. STAPS) par rapport à un bachelier L, ou ES sans mention. Étrange vision de la méritocratie scolaire. J’arrête là..je commence à dire des gros mots.
Cordialement
Laurent
Vous adorerez lire « Psychologie de l’éducation de Gustave Le bon » (http://classiques.uqac.ca/classiques/le_bon_gustave/psycho_education/psycho_education.html) .
Et pourquoi pas « psychologie des foules » du même auteur ….c’est édifiant.