Le véritable enjeu central pour Valérie Pécresse est de parvenir au second tour donc de devancer Mme le Pen. Si elle réussit, ses chances de l’emporter sur M. Macron au second tour sont très élevées : elle constituera un pôle de ralliement compatible avec un vaste éventail de l’électorat, allant de la gauche à la droite radicale, dont l’objectif commun sera d’en finir avec la présidence Macron. Au premier tour, Mme Pécresse a peu de chance de mobiliser en sa faveur l’électorat le Pen ou Zemmour qui soutiendra son champion. L’enjeu pour Valérie Pécresse est de faire le plein des voix de droite et de centre-droit, donc de reconstituer le « vote Fillon » de 2017 pour atteindre un seuil de 20% qui lui permettrait de se situer devant Mme le Pen. La reconquête de cet électorat de centre-droit perdu, partiellement rallié à M. Macron, est ainsi vitale pour parvenir à cette fin. L’expérience montre que c’est tout à fait possible.
4) Quelles raisons idéologiques et stratégiques, dans ce que l’on connait de la culture politique des élus et électeurs de centre-droit, pourrait faire pencher la balance dans un camp ou dans l’autre ?
L’équation n’est pas évidente à résoudre. Valérie Pécresse est comme souvent à droite, tenaillée entre le centre droit orléaniste, libéral et européen, et une droite plus gaullo-bonapartiste, souverainiste et étatiste. Elle est obligée d’opérer une synthèse qu’elle le veuille ou non pour éviter une fuite de son électorat potentiel vers M. Macron et une autre vers Mme le Pen ou Eric Zemmour. La force de Nicolas Sarkozy était de transcender ce clivage. Pour Mme Pécresse pencher ostensiblement d’un côté ou de l’autre avant le premier tour pourrait lui être fatal. Tenir un discours délibérément souverainiste (comme le fit un temps Michel Barnier) risque de lui aliéner une large partie de son électorat de centre droit sans convaincre pour autant l’électorat d’Eric Zemmour ou Mme le Pen. Donc cela l’exposerait au risque de ne pas effectuer la percée nécessaire de premier tour. Il lui faut être pragmatique comme elle sait si bien le faire comme présidente de région, éviter à ce stade les sujets qui déchirent son électorat potentiel, rassembler sur des thèmes consensuels à droite et au centre tel que le retour de la confiance, la lutte contre la fracture entre le peuple et les élites, le renouveau de la démocratie, de l’école et de la culture française, la sécurité et la maîtrise de l’immigration.
MT