Vous savez, je ne suis pas de mauvaise foi ou critique systématique de l’équipe au pouvoir. C’est beaucoup plus facile d’approuver (voire de lécher les bottes) que de dénoncer ou de condamner. Je cherche en vain, bien souvent, une raison d’être d’accord avec le pouvoir en place. Ce n’est pas de ma faute si à peu près tout ce qui se fait aujourd’hui me déplaît profondément – sans pour autant que cette opposition me pousse à la moindre indulgence envers d’autres positions radicales, irréalistes et démagogiques.
Mais sur la condamnation du massacre de la rue d’Isly, le 26 mars 1962, je trouve que le président de la République a fait montre d’une audace justifiée. On s’en souvient: l’armée française ce jour là a ouvert le feu sur une foule désarmée avec des femmes et des enfants qui manifestait à Alger par simple désespoir de toute une histoire, toute une vie qui s’effondrait dans le sang et les larmes. Le Général dans ces mémoires, couvre ce massacre en parlant d’une « émeute » qui n’a pu être dispersée que « par le feu meurtrier des troupes ». Dans la foule désarmée et hagarde, qui ne menaçait personne, se trouvait de jeunes enfants dont deux fillettes de 10 ans avec leurs parents tuées par les tirs de l’armée. Alors bien sûr, on pourra dire que cette déclaration de M. Macron, à la veille de l’élection présidentielle est électoraliste et qu’elle est en contradiction avec les propos précédents sur la colonisation comme « crime contre l’humanité » [le fait que la colonisation soit qualifiée de crime contre l’humanité, pouvant justifier des moyens extrêmes y compris de tirer sur une foule de braves gens désarmés pour y mettre fin]. Mais on touche là à un tabou républicain et en soi, pouvoir parler sereinement de cette tragédie est le signe d’un progrès…
MT