Ce qui est gênant, dans ce type de cérémonie, c’est le volet récupération. Qu’eût pensé Manouchian, héros de la Résistance ayant donné sa vie pour la libération de la France de sa panthéonisation? Certaines personnalités, par modestie, discrétion ou non-conformisme, refusent les honneurs officiels de type de Légion d’Honneur ou Ordre National du Mérite. Les bénéficiaires de la panthéonisation ne sont plus là pour donner leur avis sur l’honneur suprême qui leur est reconnu et la solennité ou la pompe d’une cérémonie. Mais surtout et pire, la récupération idéologique ou politicienne qui est faite de leur héroïsme et de leur sacrifice soulève des questions. Qu’eût pensé Manouchian de sa récupération dans le cadre du grand spectacle politicien actuel et d’une mise en scène jupitérienne? Nul n’en sait rien. Peut-être eût-il trouvé cela normal ou peut-être cela lui eût-il déplu. Comment savoir? Manouchian, au moment de subir son martyre, pouvait-il imaginer qu’il serait impliqué, quelque huit décennies plus tard, dans une polémique minable, franco-française, en liaison avec les futures élections européennes et le duel honteux macrono-lepéniste. Cette polémique est-elle digne d’un résistant ayant donné sa vie pour la libération de la France? Selon l’historien Gérard Courtois (Figaro d’aujourd’hui), le parti communiste qui a largement récupéré sa mémoire après 1944, semble avoir eu un rôle pour le moins ambigu à son égard dans la résistance. Pour ne pas en dire plus… Fallait-il, dans ses conditions, donner une interview à l’Humanité, en clin d’œil paradoxal au PCF, et au-delà un clin d’oeil de gauche, à contre-courant de la prétendue « droitisation » et à des fins de communication politicienne? Qu’en aurait-il pensé? Sincèrement, je ne fais que poser des questions, mais il reste que tout ceci n’est pas clair…
MT