Sur la notion d’identité et sur l’Europe face au Brexit

DSC02219Voici mes deux dernières contributions au Figaro Vox, concernant le débat sur l’identité en politique et sur le Conseil européen informel de Bratislava en l’absence du Royaume-Uni. Il est parfois un peu stressant de penser, sur à peu près tous les sujets, le contraire de tout le monde, la droite, la gauche, le extrêmes, le monde médiatique, l’opinion publique… Dès lors, deux hypothèses se présentent, et deux seulement: soit je suis un imbécile (ce que je suis tout près à admettre), soit c’est le monde qui devient stupide et fou. Et aucune des deux n’est bien réjouissante…

Sur le premier point, mon sentiment est que le rôle des politiques n’est pas de ruminer sur l’identité, ce qui ne débouche jamais sur rien, mais uniquement de prendre  – ou de se préparer à prendre –  des décisions, c’est-à-dire d’arbitrer, de choisir, bref, de gouverner, gouverner, ce vilain gros mot. Le ministère de la parole est aussi celui de l’enfumage et de l’impuissance, présente ou avenir. « Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à parler au lieu d’agir » (Péguy). Les débats de principe déchirent alors que l’action rassemble.

Quant à la tenue du sommet de Bratislava sans le Royaume-Uni, qui est toujours membre de l’Union européenne aujourd’hui, je la juge absurde, au sens fort, philosophique du terme: absurde. Les eurocrates, fonctionnaires, politiques, bruxellois ou nationaux, voient dans l’Europe un empilement de directives, de règlements, de jurisprudence et de sans-titresanctions. Dès lors, dans cette conception de l’Europe, il est logique qu’ils puissent se satisfaire de la sortie du Royaume-Uni et vouloir l’accélérer. Moi qui suis infiniment européen, moi qui me sens français, anglais, allemand, italien, portugais, roumain, etc. moi qui me sens infiniment plus européen que n’importe quel eurocrate, je vois l’Europe tout autrement: le la vois comme une personne humaine, une personne en chair et en os,  et le départ du Royaume-Uni, la grande Nation vainqueur du nazisme et du fascisme, équivaut à mes yeux à l’amputation d’un bras ou d’une jambe. Dès lors, le devoir des Européens, me semble-t-il, n’est pas de pousser le Royaume-Uni dehors à la suite de son référendum – la Grande Nation vainqueur du nazisme et du fascisme – en l’excluant du conseil informel, mais bien au contraire, de lui sans-titreouvrir les bras et de faire l’effort d’imagination pour fonder une nouvelle Europe, à la fois beaucoup plus unie, soudée, rassemblée, plus puissante et aussi plus respectueuse des démocraties nationales, avec le Royaume-Uni. Bon. J’en suis bien conscient, ma position, qui me vient du fond de l’âme, ne peut que faire hurler tout le monde, la droite, la gauche, les extrémistes, les eurocrates et les europhobes. Mais je dis ce que je pense, c’est tout, même sans grand espoir d’être entendu… »Il est inutile d’espérer pour entreprendre, ou de réussir pour persévérer », comme l’a dit un grand européen (je ne sais plus qui…)

Maxime TANDONNET

 

Author: Redaction