Le conseil supérieur des programme propose la suppression des notes au collège et le ministère de l’Education nationale pourrait valider cette option dans les jours à venir. L’idée n’est pas nouvelle. Il faut y voir un serpent de mer qui eut son heure de gloire en mai 1968, resurgit périodiquement et trouve aujourd’hui un climat propice à son accomplissement. En supprimant l’outil d’évaluation, elle permet de poser un voile pudique sur l’effondrement du niveau moyen de l’enseignement. Elle s’inscrit dans une logique de nivellement par le bas, de négation de la réussite individuelle, de la récompense de l’effort et de la sanction de l’échec qui permet de se remettre en cause. Elle tend, de manière implicite, vers le bannissement de la notion de progrès individuel, de fierté d’un parcours de savoir, d’intelligence et de réussite. Sur le fond, elle heurte de plein fouet le principe de « méritocratie républicaine », de promotion par la réussite intellectuelle. Inspirée par l’égalitarisme, elle est imbibée d’hypocrisie: en cassant la sélection par l’intelligence, on lui substitue une sélection par l’argent ou le réseau familial. Et tout le monde le sait. Bref, à l’image du pouvoir actuel, elle tend vers la destruction, la terre brûlée, la fuite en avant idéologique. Tout ceci, avec bien d’autres choses, tend vers le même objectif: promouvoir, de façon subreptice, peu à peu, l’abêtissement de masse, une société privée des repères de la connaissance fondamentale et des bases de l’esprit critique dont les membres seront d’autant plus aisément manipulables par n’importe quel pouvoir, politique, idéologique, commercial. Nous en voyons déjà les effets de long terme avec un retour au culte de la personnalité en politique, le triomphe de la crétinerie dans la vie médiatique, le recul de la lecture, la réflexion, l’histoire, la montée des extrémismes en tout genre, la mort des débats d’idées, l’incapacité croissante des Français à se parler, à échanger, la montée, toute primitive, des réflexes de lynchage, de délation et d’insulte qui envahit la sphère sociale, l’intolérance galopante aux idées des autres. Tout va dans le même sens et la suppression des notes au collège ne fait que marquer une étape nouvelle dans la marche vers le chaos et l’abrutissement collectif qui ouvre la voie à toutes les manipulations.
Maxime TANDONNET