A mon retour de vacances, j’ai consacré une chronique dans le Figaro vox (ci-dessous) à la question du renouvellement de la classe politique, inspirée par la déclaration de candidature d’Alain Juppé aux présidentielles de 2017. A la suite de ce papier, qui évoquait les noms de plusieurs responsables publics, j’ai eu la surprise de recevoir un appel d’un homme politique de tout premier plan, que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve, sur mon téléphone portable. Geste simple et sympathique, me suis-je dis, de la part d’un haut dirigeant politique, de prendre son téléphone pour échanger avec un modeste auteur de ma catégorie… En fait, il m’identifiait visiblement comme un ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy et me soupçonnait de rouler pour ce dernier. (Ce n’est pas le cas, je m’exprime à titre personnel, sans arrière-pensée politique). Sur le ton le plus courtois, il me faisait remarquer que dans une société politique libérale, il incombait à la jeune génération politique de faire ses preuves en s’imposant à l’ancienne, à laquelle il appartenait. J’en suis convenu mais lui ai fait remarquer que dans une société libérale, justement, en tant que citoyen, j’étais en droit de me prononcer en faveur de ce renouveau de la classe politique française et de l’écrire. Il m’a suggéré, en gros, de me présenter au suffrage universel plutôt que de donner les leçons (en termes bien plus courtois que ceux-là). Je lui ai répondu que je ne me sentais pas une vocation de candidat mais que cela ne m’empêchait pas de réfléchir à l’avenir de mon pays. J’ai bien senti qu’il n’était pas du tout convaincu… Ensuite, nos points de vue ont complètement divergé. Il m’a expliqué qu’il convenait d’interpréter l’annonce de candidature d’Alain Juppé, qu’il soutenait, comme faisant partie d’une "équation politique personnelle". Je lui ai dit que justement, selon moi, de mon point de vue de citoyen aussi légitime qu’un autre, "les Français en avaient marre des équations politiques personnelles" et attendaient des politiques uniquement qu’ils se penchent sur leurs problèmes d’emploi, de chômage, de pouvoir d’achat, etc. avant de songer à leurs carrière. Enfin, stupidement, je l’ai prié "de m’excuser si je l’avais blessé". Il m’a répondu gentiment "que je ne l’avais pas blessé et qu’il avait le cuir plus épais que je ne semblais le croire..." Etrange et vivace impression, inquiétante, malgré la sympathie et la courtoisie évidentes de mon interlocuteur, de ne pas appartenir tout à fait au même monde, celui des hauts politiques et celui du commun des mortel dont je suis.
NB: Je ne donne pas son nom pour ne pas trahir la confidentialité d’une discussion privée… Quant à l’image, elle n’a aucun rapport avec le papier; elle me fait penser à la tristesse de mes vacances finies, c’est tout!
Maxime TANDONNET