Six semaines et des questions

Le « conseil scientifique » propose une durée minimale de six semaines de confinement pour faire face à la tragédie de covid 19 et freiner l’explosion du nombre des victimes. Aucune décision n’a encore été prise par la puissance publique.  Il est hors de question de soulever la moindre critique sur le bien-fondé de cette proposition, de cet avis, qui repose sur des données dont seuls les scientifiques disposent. Mais des questions quand même, nombreuses questions qu’un citoyen lambda est en droit – en devoir – de se poser.

Cet avis prend-il en compte toutes les conséquences concrètes d’un confinement de six semaines au regard de ses avantages? D’une part, certes, il va sauver des vies, peut-être de nombreuses vies. D’autre part, il va en exposer d’autres. Imagine-t-on ce qu’est le confinement d’un mois et demi, quasi intégral, d’une famille nombreuse vivant en appartement dans un réduit de trois pièces, 70 m2 avec de jeunes enfants : le risque de dépression, de suicide, d’alcoolisme, de boulimie, de chute dans la démence, d’addiction aux jeux vidéo, de violences familiales, d’enfants traumatisés à vie, de solitude absolue (personnes âgées). L’avis du conseil scientifique sur les six semaines minimum de confinement, procède-t-il d’un rapprochement entre les vies sauvées et les vies perdues?  Ce ne sont que des questions de citoyen lambda.

Ce même avis prend-il en compte l’impact économique et social de six semaines minimum de confinement: l’arrêt quasi total de l’économie d’une grande nation industrielle, l’effondrement de sa production, le risques évident de pénuries, la vertigineuse explosion du chômage et des faillites de petites et moyennes entreprises, les artisans, commerçants, salariés ruinés par millions et par millions, les vagues de suicide et de dépression, de désespoir qui en résulteront? Cela est-il pris en compte dans l’avis du conseil scientifique?

Cet avis prend-il en compte aussi la portée morale, politique et philosophique d’un confinement d’un mois et demi, le basculement soudain des démocraties, que nous pensions protégées par l’Etat de droit, sous l’effet de circonstances exceptionnelles, dans un système de contrainte autoritaire qui suspend pendant six semaines, un mois et demi, minimum, l’une des libertés les plus fondamentales, emblématique de toute liberté, celle d’aller et venir? Prend-il en compte la portée morale et éthique d’une telle situation, le retour du plus sombre de la nature humaine, tel le goût de la jalousie, de la délation, de la dénonciation et la surenchère obséquieuse du zèle répressif qui se révèle sur le terrain de la vie quotidienne?

Autre question, le conseil scientifique a-t-il, avant d’émettre cet avis, exploré toutes les autres solutions possibles, et quel qu’en soit le coût: distribution de masques de protection à toute la population, tests de dépistage systématiques et obligatoires, confinement total limité aux personnes les plus à risque, plan d’urgence de développement des capacités hospitalière de réanimation – pour atteindre un niveau de développement sanitaire équivalent à celui de l’Allemagne où le nombre de morts est infiniment moindre,  expérimentation à grande échelle des propositions du professeur Didier Raoult (dans les conditions qu’il a prescrites), meilleure prise en compte des situations individuelles et familiales dans les conditions de confinement en valorisant la confiance – dans les Français – plutôt que la sanction?

Ce ne sont que des questions. Peut-être de questions idiotes. A force de poser des questions, et même des questions idiotes, on suscite la haine et la méchanceté. Exemple de message reçu hier sur un réseau social de la part d’un inconnu: « Monsieur Tandonnet. Vous n’êtes pas un homme heureux. Vous passez votre temps à diffuser de mauvaises ondes. Je vous conseille l’amour, l’amitié, le grand air et du bon vin. Vous verrez : cela ira mieux pour vous. Par les temps qui courent, votre venin est particulièrement toxique. De grâce, gardez-le pour vous ! »  

Merci à vous pour vos conseils, cher Monsieur.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction