S’intéresser à l’histoire du régime de Vichy

Face au délire politicien actuel autour du régime de Vichy, il n’est qu’une réaction valable: se (re) plonger dans les bons livres d’histoire, c’est-à-dire ceux qui tendent à se focaliser sur les faits, rien que les faits et toujours les faits sans chercher à faire passer un message idéologique. De nombreux ouvrages sont à recommander à cet égard par exemple les sublimes « Vichy capitale », de Michèle Cointet (Perrin), Pétain, de Bénédicte Vergez-Chaignon (Perrin) ou encore Pierre Laval de Fred Kupferman, (Tallandier), (pour ne parler que de ceux que j’ai lus récemment). C’est une histoire complexe, où se mêlent de multiples paramètres: les conséquences d’une faillite politique de la IIIème République et de la pire débâcle militaire de la France contemporaine, l’occupation par l’Allemagne hitlérienne, le ballet sinistre des ambitions, le culte de la personnalité (« maréchal nous voilà »), le mépris des libertés, de la démocratie parlementaire (chambres suspendues) et de la démocratie locale (maires désignés), la soumission (Montoire), l’esprit de pénitence, la courtisanerie et l’obséquiosité, bien entendu l’antisémitisme et aussi l’anglophobie. Vichy n’est pas seulement une affaire d’extrême droite: s’y retrouvent certes des maurrassiens (Alibert) mais surtout nombre de politiciens de la IIIème (Laval, Marquet, Flandin, puis Déat) venus de partis de gauche ou de droite, des technocrates (Bouthillier, Baudouin), des militaires de toutes sensibilités (l’amiral Darlan, radical socialiste). Les Vichysto-résistants, c’est-à-dire des militaires ou fonctionnaires qui ont utilisé la couverture de Vichy pour aider à organiser les réseaux de résistance, cela a aussi existé (Vergez-Chaignon). Rien n’est plus insupportable que l’hystérie politicienne ou électoraliste actuelle autour de « Vichy » de la part de politiciens qui, moins ils connaissent l’histoire de cette période plus ils en parlent – c’est tellement plus facile que de faire le boulot pour lequel ils sont élus – et dont tout laisse penser que dans leur immense majorité, projetés 80 ans en arrière, ils ne feraient guère mieux que leurs glorieux prédécesseurs le 10 juillet 1940.

MT

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Author: Redaction