Les populations d’éléphants d’Afrique centrale ont décliné de plus de moitié au cours des 10 dernières années et la quantité d’ivoire issue du braconnage a été démultipliée. C’est la menace la plus grave pour cette espèce. Après avoir réuni les organisations non gouvernementales le 27 janvier, Ségolène Royal a pris plusieurs mesures, dont la suspension de la délivrance des certificats d’exportation d’ivoire brut par la France.
« Malgré les réticences, il faut passer à l’action. J’ai signé l’instruction aux directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement pour arrêter tous les certificats de réexportation pour toutes les défenses d’éléphant brutes ou les morceaux d’ivoire non travaillés. Je leur ai demandé que les dossiers soient traités avec la plus grande rigueur […]. Nous devons lutter contre la délinquance écologique » a souligné Ségolène Royal lors de sa rencontre avec les ONG.
Plusieurs groupes armés clandestins financent leurs activités par le trafic de matières animales et en particulier d’ivoire. Les certificats d’exportation européens peuvent être détournés par des trafiquants pour faciliter la vente d’ivoire illégal.
Les décisions prises par la ministre
1. La suspension immédiate de la délivrance des certificats d’exportation d’ivoire brut par la France.
2. Un appel aux autres États membres de l’Union européenne pour interdire à leur tour les exportations d’ivoire brut, comme le font l’Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni et certains États des États-Unis.
3. Une vigilance accrue pour les certificats de commercialisation sur le sol français.
4. Une coopération renforcée entre les services du ministère de l’Écologie et les douanes et la relance du plan de coopération interministériel destiné à améliorer la synergie entre services afin de rendre la lutte contre la fraude plus efficace, notamment aux frontières.
5. Une nouvelle opération de destruction d’ivoire illégal en 2015.
6. La loi biodiversité, qui sera débattue au Parlement dans quelques semaines, renforcera les sanctions prévues en cas de trafic d’espèces protégées (éléphants, rhinocéros, tigres, variétés de bois tropicaux, etc.).
Les particuliers qui possèdent, notamment par voie d’héritage, des défenses d’éléphant ramenées d’Afrique dans les années 1930-1960 pourront toujours les vendre dans les salles de vente en France, sous réserve d’avoir obtenu le certificat requis.
L’éléphant, une valeur inestimable
Au-delà de sa valeur patrimoniale, symbolique et culturelle, l’éléphant apporte d’innombrables services pour les écosystèmes, notamment en ouvrant des clairières en forêt, en entretenant la savane, en facilitant la dispersion et la germination des graines et de la biodiversité végétale.
En ce sens, l’éléphant participe à la captation du carbone dans les sols. Il favorise la disponibilité de la pharmacopée traditionnelle végétale pour les communautés locales. L’éléphant est aussi une clé du développement de l’économie locale grâce aux activités touristiques.
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