Les derniers développements de la politique française comportent des aspects positifs et satisfaisants. La campagne et l’élection présidentielles ont été marqué par l’effondrement des projets suicidaires et démagogiques portés par les socialistes archaïques, notamment le revenu universel de M. Hamon. Le danger de l’extrême gauche a été pour l’instant écarté. Un net coup d’arrêt, peut-être fatal, a été donné au mouvement lepéniste qui, dans son rôle de repoussoir médiatique, ne sert qu’à verrouiller le débat d’idées et paralyser la vie politique. M. Emmanuel Macron est maintenant notre président de la République. Le procès en légitimité, les attaques personnelle ou les moqueries dirigées contre lui et son épouse, qui foisonnent sur les réseaux sociaux, sont une monstruosité et une infamie.
Il n’empêche. A mes yeux, avec son arrivée à l’Elysée et la grande comédie médiatique qui l’accompagne, la France politique poursuit sa dégringolade. Tout cela ressemble au paroxysme du spectacle de ces 15 dernières années. La fuite dans la personnalisation du pouvoir vient de franchir un palier supplémentaire. Voir cet excellent éditorial dans Marianne. Le phénomène auquel nous assistons consiste à faire table rase de tout, les partis politiques, le Parlement, le Gouvernement, pour concentrer l’apparence ou l’illusion du pouvoir dans le reflet médiatique d’un visage. L’engouement actuel a quelque chose de factice, d’éphémère, d’irréel. Il est sculpté dans le rêve. La substance du pouvoir politique s’incarnant dans la figure d’un homme, dans l’extase et l’émerveillement de la société médiatique, a certes quelque chose d’extraordinairement banal, humain, naturel: la quête du chef de meute renvoie à nos pulsions les plus primitives. La féérie de ces jours-ci sert d’écran de fumée au renoncement, à l’impuissance, au néant, à la difficulté et aux déception de l’exercice du pouvoir. Elle est selon moi, contraire au principe d’un gouvernement efficace dans le monde moderne, consistant, au contraire, à répandre et à diffuser l’autorité et la responsabilité après avoir fixé un cap clair et net.
La jubilation d’aujourd’hui, l’enchantement de la France médiatique, annoncent le basculement dans la haine, le déchaînement et le lynchage de demain. En outre, il est à mes yeux criminel de bêtise de comparer le phénomène médiatique auquel nous assistons avec l’histoire du général de Gaulle en 1958. A l’époque, c’est un géant de l’histoire, l’auteur de l’appel du 18 juin 1940 qui revenait aux commandes de la France auréolé de sa légitimité historique. Le cas de l’actuel président, avant tout formidable créature médiatisée, sans la moindre esquisse d’un lien avec l’histoire ni le monde réel, n’a strictement aucun rapport. A mes yeux le chef de l’Etat devrait être un personnage d’expérience, de sagesse, un visionnaire, un homme de l’histoire. Tout ceci, le grand spectacle en cours, n’est que la quintessence du contresens en cours de puis des décennies sur la nature du pouvoir, de l’autorité, du gouvernement, une nouvelle expression de la fuite de la politique française dans les limbes de la médiatisation, au loin des réalités.
Et si je me trompe, si je dis n’importe quoi, et bien tant pis pour moi et tant mieux pour le pays…
Maxime TANDONNET