En ce moment débute le procès des complices des tortionnaires de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes (janvier 2015). Do you remember? Les foules gigantesques et le formidable élan d’unité nationale autour du slogan: Je suis Charlie. Je suis Charlie: le droit inaliénable au rire, au blasphème, à la caricature. La liberté d’expression, socle de toute démocratie, l’humour et le rire, le droit de rire de tout – rire de tout, de tout – remparts sacrés contre la barbarie. Aujourd’hui, certes, les Français peuvent rire de tout sauf, sauf, sauf, sauf ce qui touche à l’esclavagisme, bien entendu, à la colonisation, au racisme, à l’égalité des sexes, à l’orientation sexuelle, à l’islam, au pape François, à la religion, aux Belges, à l’Afrique, à l’Asie, à l’immigration radieuse, à l’Europe, aux institutions, notamment présidentielle (petits pitres élyséens bavards, inutiles et gesticulants), au terrorisme, à l’armée, à la magistrature, aux minorités, au personnel hospitalier, au covid-19… Bref, l’esprit Charlie ne fut en 2015 qu’une vaste hypocrisie, un leurre couvrant le glissement du pays dans le conformisme absolu sinon la tentation totalitaire. Et aujourd’hui la foule sous contrôle policier avec son petit masque bleu, marche droit dans la rue avec interdiction absolue de rire. N’oubliez surtout pas: rire transmet le virus. Pleurer aussi d’ailleurs.
Maxime TANDONNET