14 juillet 1789- 14 juillet 2019. Les événements de ces derniers jours nous renvoient au fameux échange entre Louis XVI et la Rochefoucault-Liancourt au soir de la prise de la Bastille: « C’est une révolte? Non, sire, c’est une révolution ». Les signes de troubles profonds dans la société française s’enchaînent: les proportions prises par l’affaire du « homard », les sifflets aux Champs Elysées, les arrestations de Gilets jaunes… Le pouvoir politique, mais au-delà, toute la classe dirigeante, la France dite d’en haut, font l’objet d’un rejet viscéral dans l’opinion. M. de R incarne en ce moment jusqu’au vertige un monde politique, économique, médiatique, que « les gens » ne supportent plus. Si l’affaire du homard provoque un déchaînement de colère, c’est par son caractère emblématique. Il n’y a plus de gauche, ni de centre, ni de droite, plus de confiance en aucun homme politique, du pouvoir ou des oppositions, mais le sentiment exacerbé, à tort ou à raison, de nantis qui bien loin de servir l’intérêt général, se servent sur le dos de la nation. La situation est explosive. Soit nous avons affaire à des événements isolés qui témoignent d’une colère mais qui demeurent éparpillés, et nous restons dans la logique d’une révolte. Soit l’embrasement se produit et nous basculons dans un mécanisme révolutionnaire. Ce n’est pas M. de R, la cause profonde du malaise actuel, même si rien ne peut excuser ce qui lui est reproché et le décalage entre le discours de vertu et les actes de celui qui profite de sa situation, comme d’ailleurs tout le monde à ce niveau. Mais il cristallise une profonde nausée collective qui tient à un régime, la Ve bis, désormais associé à la fracture démocratique, à ses mœurs délétères, à ses promesses non tenues, à ses mensonges, à sa mégalomanie, à son inefficacité, à son renoncement à servir le bien commun, à son narcissisme, à son mépris intrinsèque des gens et du pays. Le symbole est dévastateur. On est passé de la brioche de la reine au homard du président de l’Assemblée. Cette tension, il y a bien longtemps que nous la sentons venir « C’est une révolte? Non sire, c’est une révolution. » Révolte ou révolution?
Maxime TANDONNET