Le 9 septembre 2012, le président de la République promettait sur TF1: « Nous devons inverser la courbe du chômage d’ici un an ». Nous sommes deux ans et demi plus tard, et le chômage continue à augmenter + 12 800 en février, +0,4%. Au total, 3,5 à 5,6 millions de demandeurs d’emploi selon le mode de comptage. En toute logique, dans une démocratie normale, un échec aussi flagrant devrait être sanctionné, soit par une démission, soit par une dissolution. Mais en France, la responsabilité, la sanction sont des concepts dépassés, ringardisés, et la petite caste au pouvoir s’accroche à son rocher. D’ailleurs ils paraissent satisfaits d’eux-mêmes. Selon le ministre du travail« Les réformes conduites par le gouvernement produisent leurs premiers effets : pacte de responsabilité et de solidarité, sécurisation des parcours professionnels, simplification de la vie des entreprises, soutien à la création d’emplois ». Sur le fond, leur responsabilité est incontestable: depuis 2012, le chômage continue à monter en France alors qu’il baisse dans toute l’Europe et aux Etats-Unis. Mais la forme est pire que le fond. Les paroles d’autosatisfaction devant le champ de ruine frisent la désinvolture et le mépris. Car derrière chacun des 12 800, il y a des jeunes qui se retrouvent sans ressources, sans logement, sans occupation, privé de leur fierté, de leur dignité et de leur raison d’être, et des anciens déboussolés qui ont tout perdu et n’ont plus aucune idée de ce que sera leur lendemain. Ensuite, nos dirigeants peuvent pousser des cris orfraies et se rouler par terre devant la poussée du FN dans les urnes et en accuser la terre entière. On pourrait imaginer un soupçon de lucidité ou d’honnêteté: « oui, il faut bien le reconnaître, nous sommes au pouvoir depuis trois ans, nous avons peut-être une petite part de responsabilité… » Mais non! Droits dans leurs bottes, cet aveu ne viendra jamais. Cynisme ou aveuglement? Ce n’est pas une affaire de gauche ou de droite, de parti et d’idéologie, mais une simple affaire d’homme face à lui-même, face à son miroir. Je ne sais pas si tout se paye un jour, mais promis, je n’aimerais vraiment pas me trouver à leur place…
Maxime TANDONNET