Renforcement du despotisme sondagier

La rentrée 2021 est placée à l’aune d’une prodigieuse avalanche de sondages sur tous les sujets possibles et imaginables. Le saviez-vous? En ce début septembre, 67% des Français sont favorables au passe sanitaire (odoxo-backbone). Mais aussi 84% sont inquiets du dérèglement climatique soit davantage que du risque terroriste et de la délinquance (Harris). 20% apprécient Eric Zemmour (Elabe). 35% des Françaises sont insatisfaites sexuellement, contre 23% des Allemandes et 27% des britanniques (Ifop). [Bravo Messieurs les Français!] Mais 85% des Français sont « fiers de leur travail » (Harris Challenge). 33% des Français font confiance au président Macron, + 5% dont « une hausse impressionnante à droite » (yougov-Huffington post). Mais aussi 38% font confiance au président Macron, en baisse d’1% qui « perd 13% à droite » (Kantar Figaro magazine). 37% font confiance au président Macron, +3% selon Elabe les Echos pour qui  » la cote de confiance de Macron à son plus haut niveau depuis 3 ans« . Et pleuvent évidemment chaque jour les sondages de présidentielles et leur refrain sur l’inaltérable duel Macron-le Pen: 24-26 Macron, 19-23 le Pen (Ipsos le Parisien).

Ces sondages valent ce qu’ils valent, censés mesurer l’état de l’opinion à un moment donné. Par-delà les interrogations sur leur valeur scientifique, ils servent à façonner l’opinion, outils privilégiés du conformisme. De par leur fréquence, leur répétition obsessionnelle, ils visent à ringardiser et à marginaliser celui ou ceux qui ne pensent pas dans le sens du vent. Ils sont donc un instrument parmi d’autres d’embrigadement de la pensée. Ils expriment une forme de néant et de vide intellectuel: invitant les uns et les autres, dans le climat de nihilisme à suivre la voie du plus grand nombre en l’absence d’autre repère. Que le parti LR s’en remette à un sondage spécialement commandé pour l’aider à désigner son « candidat » est bien un signe du désarroi politique contemporain. Lire ou relire Nietzsche pour se prémunir contre la tyrannie sondagière: « Il faut se défaire du mauvais goût de vouloir être d’accord avec le plus grand nombre » (PDBM n°59). Et qu’on se rassure de ne pas être du côté de ce plus grand nombre. Il ne fait guère de doute que si les sondages avaient existé à l’époque, une immense majorité des Français aurait approuvé les accords de Munich le 30 septembre 1938 ou l’instauration du régime de Vichy le 10 juillet 1940.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction