Le 6 juillet dernier, à 16 heures, j’étais reçu à sa demande par l’un des amis politiques les plus anciens et les plus proches du président Sarkozy. Il me lisait parfois, sur ce site, le Figaro Vox ou Atlantico, et voulait discuter avec moi de la situation politique. Nous étions heureux de nous retrouver après tant d’années depuis la défaite de 2012 et avons longtemps parlé de choses et d’autres. Puis, c’est moi qui ai abordé la politique en l’interrogeant sur la question qui hante les esprits: « Pouvons-nous perdre en 2017? » Lui pensait que non. Les socialistes sont dans un tel état qu’ils ne peuvent plus remonter. Le principal sujet de fond est de savoir qui l’emportera de Juppé ou de Sarkozy aux présidentielles. Mon interlocuteur préférait Sarkozy bien sûr, non pour une question d’âge, mais parce qu’il le jugeait plus apte à réformer le pays. Moi, comme toujours, je lui ai dit franchement le fond de ma pensée. Attention! La France de 2017 a profondément changé en dix ans et sa « culture politique » n’a plus aucun rapport avec celle de 2007. Nous avons eu les dévastatrices affaires DSK et Cahuzac, le mandat épouvantable de M. Hollande, l’escalade du chômage envers et contre les promesses, la vague d’attentats terroristes qui ont ensanglanté le pays, la dévastatrice « crise des migrants », signe de l’impuissance nationale et européenne, les batailles d’ego de l’opposition, la vertigineuse poussée d’extrême droite… La mentalité n’est plus du tout la même. Toute confiance dans la classe politique a disparu. La fracture entre la France dite « d’en bas », la majorité silencieuse, et les élites politiques a atteint un niveau effroyable . Les Français, dans leur immense majorité, ne supporteront plus jamais l’idée même de la présidence personnalisée, pour ne pas dire narcissique ou mégalomane, surmédiatisée et gesticulante à l’image des trois ou quatre précédentes. Ce n’est pas qu’ils descendront forcément dans la rue, mais ils feront la révolution du mépris, de l’indifférence et du repli sur soi, ce qui est aussi grave. Ils faut repenser totalement, radicalement la vie politique, sur le principe de la modestie, de l’efficacité sobre, de la dé-médiatisation, ou médiatisation minimale, du travail d’équipe et collectif, axé sur les réformes et leurs résultats, avec un véritable Premier ministre et de véritables ministres chargés de décider, de gouverner, de diriger et de choisir, plutôt que de parler et de frimer, la loi de la vérité, du rejet absolu de la polémique, de l’idéologique et du passionnel pour se concentrer sur les seules réalités, le refus de l’idolâtrie, de la communication permanente, du spectacle émotionnel, des mensonges, et de la personnalisation excessive du pouvoir, ce B-A BA de tous les principes républicains. Mon interlocuteur était, à ma surprise, largement d’accord avec moi. « C’est le quinquennat qui a tout foutu en l’air » m’a t-il affirmé. « Alors abrogeons-le! Et revenons à un septennat qui serait non renouvelable. Ce sera une première étape! » Il était totalement d’accord et m’a demandé si je pouvais faire une note à ce sujet pour le président. Ensuite est venu le carnage de Nice, puis mon départ en vacances à l’île de Ré, énormément de travail accumulé à mon retour. Je ne l’ai toujours pas faite…
Maxime TANDONNET