Que penser du référendum suisse sur l’immigration?

imagesM7OJQHY9Dimanche  9 février, le référendum d’initiative populaire suisse sur le rejet de "l’immigration de masse" a vu  une victoire du oui par 50,3%. Ce résultat et les commentaires qui ont suivi, expriment à la perfection le fossé dramatique qui se creuse sur le continent européen entre les élites dirigeantes et les peuples. L’Europe officielle, la Commission, les parlements, les gouvernements à l’unanimité, notamment la France et l’Allemagne, les médias, la presse, les pouvoirs publics, n’ont de cesse de fustiger ce vote. L’impasse, pour les centres de pouvoirs et d’influence européens est totale, radicale, absolue: c’est un peuple souverain qui s’est prononcé, et jusqu’où aller dans la condamnation voire les représailles envers les Suisses, sans bafouer de plein fouet l’un des piliers de la civilisation, le pouvoir du peuple: la démocratie? L’Europe est confrontée aujourd’hui à une contradiction historique. Elle ne peut pas s’en sortir avec un arguments du genre –  "le peuple doit être éclairé" – à la fois méprisant et de nature totalitaire.  Pour autant, cet événement ne se prête aucunement à jubilation. Qui peut se réjouir de cette fracture, de cette crevasse qui conduit à l’abîme? En outre, le référendum suisse est, semble-t-il, principalement dirigé contre les travailleurs européens, visant à limiter par des quotas la possibilité pour des demandeurs d’emplois, notamment français, de trouver un travail dans un pays qui compte 3% de chômage. L’idée qu’un référendum global, sur le modèle suisse, "contre l’immigration de masse", permettrait de régler les difficultés de la maîtrise de l’immigration et de l’intégration, ailleurs en Europe et plus particulièrement en France, relève du leurre ou de l’imposture. Ces questions sont d’une infinie complexité, touchant au droit au mariage, à l’accueil des étudiants, à l’efficacité de la lutte contre l’immigration illégale, à l’avenir du droit d’asile. Bien sûr, tout cela montre que les classes dirigeantes européennes, depuis plusieurs décennies, ont lamentablement échoué face à ces enjeux, par lâcheté, aveuglement ou par idéologie, ouvrant un boulevard aux droites radicales et protestataires dont la vocation est davantage de répandre l’incendie que d’apporter des réponse crédibles. Franchement, avant le désastre final, il est temps que survienne une prise de conscience générale et ce référendum résonne comme un ultime avertissement.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction