Jamais dans l’histoire contemporaine, la situation politique de la France n’aura été aussi chaotique et incertaine. Toute l’actualité se cristallise dans les faits et gestes quotidiens du personnage élyséen et l’obsession de sa courbe de popularité. La bêtise s’ installe dans le paysage national. Certes, le nombre des benêts qui ont cru sincèrement à la lumière du sauveur, à l’incarnation d’un « nouveau monde » se substituant à « l’ancien monde », fond comme neige au soleil mais ils deviennent de plus en plus agressifs et obtus. La chute vertigineuse n’en est qu’à ses débuts et nul ne sait comment, en 4 ans, cela peut se terminer. Mais en dehors de cette illusion, la vie publique française n’est qu’un champ de ruines et le chaos est général, partis désintégrés, classe politique discréditée, Parlement et gouvernement marginalisés, inexistants, collectivités locales affaiblies. A la faveur de l’aveuglement, le pays ne cesse de s’enfoncer dans la médiocrité: immobilisme absolu, désastre persistant du chômage de masse (au regard des autres grandes démocraties), pauvreté et dette publique galopantes, banalisation de la violence barbare, crise migratoire et communautarisme, aggravation du déclin de l’école et du nivellement par le bas (nouveau bac) etc. Qu’est-ce qu’une République déconnectée des attentes du pays, qui ne sait produire que du scandale et des « affaires » plutôt que du bien commun? Et que peut-il se passer dans l’avenir? C’est la question que nous nous posons tous. Une explosion de colère? Improbable dans le contexte de citoyens attachés à leur vie quotidienne. A la faveur de la crétinisation croissante, le remplacement en 2022 d’un culte de la personnalité par un autre, toujours plus insipide et stérile? Alors, tout recommencera comme d’habitude, 8 mois d’euphorie, puis la litanie des scandales avant le dégoût et la désespérance et la chute vertigineuse. Enfin, troisième hypothèse, un réveil de notre intelligence collective, la prise de conscience que tout ceci est d’une absolue débilité, qu’il est urgent, non pas de se donner un nouveau sauveur médiatique, mais de rebâtir un Etat cohérent, avec un président au-dessus de la mêlée, discret, sérieux, modeste, en charge des intérêt à long terme du pays; un Premier ministre, gouvernement et des ministres qui gouvernent la France sur la base du programme de leur majorité, responsables de leurs actes devant un Parlement souverain, élu de la nation et représentant réellement cette dernière pour la mise en oeuvre de sa volonté. Au fond, la France politique s’effondre pour avoir trahi des notions simples de la démocratie: responsabilité (à tout acte ou parole/sanction possible), vérité, bien commun, souveraineté populaire, intérêt général par dessus les intérêts particuliers. Bien sûr, cette issue semble improbable et lointaine vu le climat général du pays mais elle est notre seul véritable espoir. La reconquête passe par le retour de l’intelligence collective.
Maxime TANDONNET