Professeur Didier Raoult, le profil du héros?

Dépourvu de toute connaissance scientifique – hélas – il est hors de question pour moi de prétendre porter le moindre jugement sur la question de l’efficacité de la chloroquine face au covid 19.

L’objectif de ces quelques lignes n’est pas de me prononcer sur un sujet médical qui m’échappe mais d’observer, de constater un phénomène de nature psycho-sociologique: le soudain succès du professeur Didier Raoult dans l’opinion, et d’essayer de le comprendre.

Dans les période de chaos et de tragédie, où tout un peuple est en perdition, la quête d’un héros est le réflexe le plus naturel qui soit. Le sentiment dominant dans le pays est celui d’un gigantesque fiasco historique de la puissance publique: scandales de la disparition des masques et l’impossibilité d’offrir à tout malade un dépistage,  de la défaillance des capacités de soin, des vertigineux et dramatiques revirements de la communication politique (entre le 11 et le 16 mars). A la crise de confiance s’ajoute le traumatisme d’une nation tenaillée entre la menace mortelle du virus et la conscience de l’effondrement économique en cours.

Dans ce contexte anxiogène et chaotique intervient un phénomène de société, autour de la personnalité du professeur Raoult, dont le succès est révélateur de l’état de l’opinion. Les sources d’une image, d’une reconnaissance dans l’opinion:

  • l’expérience avérée d’un homme de 68 ans/ contre l’élitisme arrogant et immature qui étouffe le pays;
  • le visage (le look) du non conformiste et du grand original contre une technostructure clonée et interchangeable;
  • la parole du scientifique et la compétence plutôt que la communication politique ;
  • le rebelle et la force de caractère qui n’a pas peur d’enfreindre les consignes et d’invoquer sa liberté de prescription ;
  • l’homme de conviction sûr de ses idées qui ne recule pas devant le matraquage du dénigrement;
  • le solitaire contre la meute bien-pensante à ses trousses;
  • le sage qui ne cherche pas à provoquer la peur ni la panique, mais au contraire à apaiser l’opinion en exposant les faits avec sang-froid ;
  • le désintéressé qui n’attend rien de personne et surtout pas une élection;
  • le généreux qui met à disposition son institution à Marseille pour offrir un test et des soins – à l’encontre de la mesquinerie et l’injustice ambiante;
  • le discours d’espérance plutôt que d’expiation et de pénitence collective;
  • l’audacieux, le visionnaire qui prend la responsabilité de proposer un remède nouveau (chloroquine) – de tenter enfin quelque chose –  contre les conservatismes obtus.

Il représente ainsi le parfait contraire de tout ce qu’incarne la classe dirigeante actuelle… Gardons nous des charognards qui tenteront de le récupérer à des fins idéologiques ou partisanes. En attendant, les ralliements les plus sérieux se multiplient (pr Juvin, dr Pelloux, aux USA, en Chine…) Dans le paysage tellement misérable de notre pauvre pays, qu’on le veuille ou non, son anticonformisme, sur le forme comme sur le fond, est déjà en soi une lueur d’espérance. Puissent les faits lui donner raison…

Maxime Tandonnet

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Author: Redaction