Le deuxième débat des primaires, jeudi soir, ne m’a pas plus convaincu que le premier. Bien sûr, on s’habitue à tout. Il n’empêche, cette surenchère d’attaques personnelles des candidats les uns contre les autres a quelque chose, quand on y réfléchit, de profondément affligeant. Oui, on s’habitue à tout. Voire d’anciens ministres, de pures créatures de Sarkozy, qui lui doivent tout de A à Z, s’en prendre à lui personnellement et à son quinquennat, me donne le vertige. Nous sommes en pleine fragmentation en plein nihilisme. Où sont les valeurs de respect, de loyauté, de reconnaissance? On a le droit évidemment d’être candidat contre lui. Mais d’attaquer ainsi frontalement, méchamment, celui à qui l’on doit absolument tout, à quelque chose de désespérant. Quant à lui, l’ancien président, que faisait-il là dedans, parmi ses anciens ministres? J’en suis toujours à me le demander… Tout cela n’était absolument pas du niveau d’un ex-chef de l’Etat. Le ton du débat n’était pas à la hauteur. J’attends de futurs président de la République potentiels qu’ils traitent des sujets de niveau présidentiel: la lutte contre l’endettement de la France, la réforme nécessaire et urgente de l’Europe, comment trouver des solutions avec le Royaume-Uni pour éviter le Brexit, l’action européenne, nationale et internationale pour mettre fin à la « crise des migrants » et son cortège de tragédies, la place de la France dans la nouvelle guerre froide, les relations avec la Russie, le développement de l’Afrique, la stabilisation du Moyen-Orient, en politique intérieure l’arrêt du communautarisme et de la fragmentation du pays, la lutte contre l’exclusion, la transformation profonde de l’éducation nationale pour réhabiliter l’intelligence . De toute ces questions, pas un mot ou presque. Le débat portait notamment sur le nombre de policiers à créer: 10 000, 20 000, 50 000. C’est l’affaire d’un futur ministre de l’Intérieur, pas d’un prochain président! Et puis, l’obsession politicienne, ces échanges hargneux et croupissants autour de Bayrou comme de le Pen. Il n’était pas possible de les oublier cinq minutes pour parler de l’avenir de la France? Une certaine presse en raffole, et attribue des notes aux candidats pour leur prestation, un peu comme aux joueurs de football après un match. Une seule question intéressait la « France d’en haut »: lequel a-t-il gagné? Personnellement, je n’ai pas vu de gagnant mais une perdante: la France. Tout cela est de bien mauvais augure. La France a besoin d’être gouvernée, de suivre un cap, d’apporter sa confiance à une nouvelle équipe. Pour l’instant, aucune lumière ne vient éclairer notre horizon malheureux.
Maxime TANDONNET