L’année politique 2016 commence avec les sondages sur les primaires. Le raisonnement est simple: dans le contexte d’une alternance probable en 2017, le vainqueur des primaires de la « droite et du centre » se présente comme le futur chef de l’Etat. M. Alain Juppé, neuf mois à l’avance, aurait pris une sérieuse option pour la victoire finale. Tous les termes de la manipulation sont en place. Les Français sont invités à se prononcer pour des images, des marques de fabrique, des stéréotypes forgés par les médias et les sondages: Juppé « la sagesse », Sarkozy « la droitisation », Fillon « le sérieux », le Maire « la jeunesse ». Que proposent-ils sur l’essentiel, l’avenir de la démocratie en France, la réforme des institutions, la refondation de l’Europe, l’autorité de l’Etat, la sécurité intérieure et extérieure? En quoi se distinguent-ils? Personne n’en a la moindre idée. Ces primaires, comme la « présidentialisation » du régime autour de l’idée mensongère et grotesque qu’un homme (ou une femme) fait la pluie et le beau temps de tout un peuple, marquent une nouvelle étape dans la dégradation de l’esprit public. J’y vois une atteinte à l’intelligence populaire. Si rien ne change en profondeur, une transformation radicale du mode d’exercice du pouvoir – dans le sens de la discrétion, de la volonté générale et du bien commun – j’ai la vague intuition que le sort du prochain président sera infiniment pire que celui de l’actuel, qu’il ne finira peut-être pas son mandat et que tout s’achèvera dans la tragédie…
Maxime TANDONNET