Les politiques de prévention contre le suicide à l’administration pénitentiaire
Quelles sont les principales mesures prises en détention afin de prévenir le suicide des personnes détenues ?
L’administration pénitentiaire participe au programme national d’actions contre le suicide 2011-2014 du ministère des affaires sociales et de la santé et aux travaux de l’Observatoire national des suicides installé le 10 septembre 2013.
Le 15 juin 2009 a été signé un plan d’envergure qui comporte 20 mesures autour de 5 grands axes:
- le renforcement de la formation des personnelspénitentiaires à l’évaluation du potentiel suicidaire (en ciblant en priorité l’ensemble des personnels affectés dans les quartiers de détention les plus sensibles, notamment le quartier arrivants),
- l’application de mesures particulières de protection pour les personnes détenues en crise suicidaire (dotations de protection d’urgence composées de couvertures indéchirables et de vêtements déchirables et jetables, cellules de protection d’urgence, interphones,…),
- le développement de la pluridisciplinaritéau sein de la détention (commission pluridisciplinaire unique dédiée à la prévention du suicide régulière,...),
- la lutte contre le sentiment d’isolement au quartier disciplinaire (procédure d’accueil, accès au téléphone et mise à disposition de postes radio),
- la mobilisation de l’ensemble de la « communauté carcérale » (intervenants, associations, famille, codétenus, autorités judiciaires et partenaires du ministère de la justice).
>> Pour en savoir plus sur les textes de référence sur la prévention du suicide, cliquez ici
Y a-t-il des dispositifs en cours d’expérimentation en détention ?
L’expérimentation des codétenus de soutien (CDS),débutée en mars 2010, est actuellement menée dans six établissements pénitentiaires : centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, maison d'arrêt de Strasbourg et maison d'arrêt de Villepinte depuis 2010, centres pénitentiaires de Saint-Denis La Réunion et de Toulon La Farlède depuis 2012 et centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse (2013). D'autres sites débuteront bientôt l’expérimentation.
Ces codétenus sont des acteurs complémentaires de la prévention du suicide. Leur mission consiste à écouter et repérer des codétenus en situation de souffrance psychologique.
Choisis sur la base de critères précis, les CDS reçoivent une formation aux gestes de premiers secours, à la détection des risques suicidaires et à l’écoute active.
Les CDS sont accompagnés dans leur mission par des bénévoles de la Croix-Rouge française.
>> Pour en savoir plus sur l’accompagnement par la Croix-Rouge française, cliquez ici
Quelle est l'évolution du nombre de suicides en détention ?
Le plan d’actions de 2009 a permis d’installer durablement une vigilance et une prise de conscience des professionnels sur la thématique.
Le nombre de suicides est en baisse depuis fin 2009. En 2013, il est de 97 en détention (cela recouvre tous les passages à l'acte en détention y compris si la personne est décédée hors détention). Cela représente un taux de 14,4 pour 10 000 personnes détenues, soit une baisse de 4 points depuis 2009.
>> Pour connaître l'évolution des chiffres du suicide avant 2009 : cahiers démographiques n°22
>> Voir les chiffresau 1er janvier 2013Retour au sommaire
Les conseils aux proches face à une personne détenue en souffrance
Vous êtes un proche ou un membre d’une famille de personne détenue ? Certains signes peuvent vous permettre de repérer une crise suicidaire.
Quels sont les signes d’un possible passage à l’acte ? Comment les repérer ?
Les personnes qui pensent au suicide donnent généralement des signes de détresse ou des indices sur leurs intentions qui peuvent alerter leurs proches, leurs amis ou leurs parents.
Ces signes peuvent être prendre plusieurs formes :
- L’expression d’idées et d’intentions suicidaires directes ou indirectes : «Je veux en finir», «Je vais me tuer», «Vous seriez tellement mieux sans moi», «Je suis inutile», «J'ai tout raté dans ma vie», «Les choses vont s'arranger», «Vous vous ferez moins de soucis pour moi», «Je ne vais pas vous embêter plus longtemps», «Je ne vais pas rester longtemps ici»…
- Des comportements ou des états susceptibles de témoigner d’une détresse suicidaire : avoir des troubles du sommeil, insomnie, fatigue, perte de l’appétit, négliger son apparence et son hygiène, être en retrait, découragement, être triste, sentiment d'impuissance, désespoir, mettre de l’ordre dans ses affaires personnelles, donner des objets personnels...
Tous signes de cet ordre sont à prendre au sérieux.
Les premières attitudes recommandées sont les suivantes : l’entourage proche doit essayer d’établir une relation de confiance en adoptant une attitude bienveillante, d’écoute et de dialogue.
>> Pour lire toutes les recommandations éditées par le ministère des affaires sociales et de la santé, cliquez ici
Que peut faire un proche d'une personne détenue en souffrance ?
«En parler peut sauver»
La famille et les proches, lorsqu'ils perçoivent un signe de souffrance de la personne détenue, doivent faire un signalement aux personnels de l'établissement : personnel de surveillance des parloirs, personnels d'insertion et de probation, ou de direction. Ils peuvent également s'adresser aux personnels des locaux d'accueil des familles.
La «boîte aux lettres verte»,installée dans la majorité des établissements au niveau des parloirs ou des locaux d'accueil des familles, permet aux familles de faire part, par écrit, de leurs inquiétudes concernant leurs proches en détention aux responsables de l'établissement pénitentiaire. Un retour leur est fait après l'intervention menée à la suite de leur signalement.
D'autres outils locaux de communication(adresse électronique structurelle, ligne téléphonique AZUR) peuvent exister au sein des établissements.
Les textes de référence en matière de prévention du suicide >> Circulaire Santé/justice du 26 avril 2002 |