Le discours paradoxal
DIRE TOUT ET LE CONTRAIRE DE TOUT
L’usage diffamatoire de la dévalorisation, de l’humiliation, du dénigrement par l’entretien de la polémique systématique, se posant en martyr pour sortir indemne et victorieux.
Préambule
Le discours paradoxal . «Une forme de message paradoxal consiste à semer le doute sur des faits plus ou moins anodins de la vie quotidienne. Le partenaire finit par être ébranlé et ne sait plus qui a tort et qui a raison. Il suffit de dire par exemple qu’on est d’accord sur une proposition de l’autre tout en montrant, par des mimiques, que ce n’est qu’un accord de façade.».
Le discours paradoxal
DIRE TOUT ET LE CONTRAIRE DE TOUT
L’usage diffamatoire de la dévalorisation, de
l’humiliation,
du dénigrement par l’entretien de la polémique systématique, se posant en martyr pour sortir indemne et victorieux.
Le discours paradoxal est une forme perverse de communication. Les pervers narcissiques et d’autres catégories de personnalités pathologiques en font un large usage. Mais réalise-t-on à quel point les personnes considérées comme équilibrées l’utilisent au quotidien ?
Première approche.
Une définition
Qu’est-ce que le discours paradoxal ? Extraits du premier livre du Dr Hirigoyen:
« (…) quelque chose est dit au niveau verbal et le contraire est exprimé au niveau non verbal. Le discours paradoxal est composé d’un message explicite et d’un sous-entendu, dont l’agresseur nie l’existence. »
« Le paradoxe vient le plus souvent du décalage entre les paroles qui sont dites et le ton sur lequel ces paroles sont proférées. Ce décalage amène les témoins à se méprendre complètement sur la portée du dialogue. »
« Une forme de message paradoxal consiste à semer le doute sur des faits plus ou moins anodins de la vie quotidienne. Le partenaire finit par être ébranlé et ne sait plus qui a tort et qui a raison. Il suffit de dire par exemple qu’on est d’accord sur une proposition de l’autre tout en montrant, par des mimiques, que ce n’est qu’un accord de façade. »
« Le paradoxe consiste également à faire ressentir à l’autre de la tension et de l’hostilité sans que rien ne soit exprimé à son égard. Ce sont des agressions indirectes où le pervers s’en prend à des objets. Il peut claquer des portes, jeter les objets, et nier ensuite l’agression. »
Les extraits précédents portent la marque du contexte du harcèlement moral, mais le principe du discours paradoxal y est clairement énoncé : le discours paradoxal consiste à dire simultanément une chose et son contraire. Tel est le mécanisme de base.
Le discours ou comportement paradoxal compte autant de variantes que de canaux de communication ouverts, verbaux et non verbaux. Les deux signifiés contradictoires peuvent être exprimés verbalement, ou bien l’un par la parole et l’autre par le geste, l’expression du visage et du corps ou un acte. Deux actes ou attitudes contradictoires entrent également dans la catégorie des comportements paradoxaux.
Je ne voudrais pas te donner de conseil…
… mais je t’en donne quand même, que cela te plaise ou non. Qui n’a jamais entendu ce discours autour de lui ? Il s’agit d’une des formes les plus simples de discours paradoxal. L’interlocuteur embraye en annonçant l’opposé de ce qu’il développe ensuite. Dans le cas présent s’y ajoute l’appropriation de la position de supériorité attachée au fait de donner des conseils aux autres.
Dans un contexte de harcèlement, l’expérience montre d’ailleurs que ledit conseil s’adressera à la victime et non au harceleur. Il tendra la plupart du temps à amener la victime à une démarche ou une attitude de soumission à l’agresseur. Attitude fréquente des collègues de travail et des syndicalistes.
Si vous n’êtes pas dupe et le faites savoir (exemple de parade : « en somme, tu ne donnes pas de conseil lorsque tu endonnes ? ») l’interlocuteur est souvent frappé à vif : la cible ne se laisse pas manipuler. Crise narcissique. L’hostilité, la réflexion blessante surgissent, dévoilant la nature véritable de l’attitude sous jacente. Mais vous pouvez désormais répondre ; vous avez repris l’initiative.
Ah, si je pouvais vous aider…
… je le ferais avec plaisir parce que je vous aime sincèrement du fond du coeur. Pas de chance, il y a toujours une circonstance fortuite qui permet d’exclure ou de rendre inutile toute démarche réelle de l’interlocuteur. Vous êtes donc mis(e) en situation d’échec. Parfois vous captez chez l’interlocuteur une demande consciente ou non qu’on le remercie pour la peine qu’il n’a pas prise.
Les victimes de harcèlement et d’autres formes d’agression sont soumises à un abondant pathos de ce genre, parfois coloré de misérabilisme («Après tout ce que vous avez subi, mon pauvre monsieur (ma pauvre dame) ! Croyez bien que si je pouvais faire quoique ce soit… »). Le schéma de construction du discours se clarifie lorsqu’on note qu’il recèle deux messages contradictoires :
-
Je ne ferai rien pour vous aider.
-
Je suis à vos côtés, je vous offre mon amitié, je vous aime et vous adore, etc.
Il existe une variante de ce discours dans le domaine institutionnel : «Je suis sincèrement désolé(e) mais l’article 22 de la circulaire du 16 juin 1954 fait que nous ne pouvons pas intervenir.» Si vous réagissez, l’interlocuteur vous considère d’un air pincé et sort la réponse toute prête corollaire du discours paradoxal. Attitude fréquente des personnels administratifs.
La confusion
Le discours paradoxal prolonge dans la confusion celui qui reçoit simultanément les messages contradictoires :
«Un discours paradoxal rend l’autre perplexe. N’étant pas très sûr de ce qu’il ressent, il a tendance à caricaturer son attitude ou à se justifier.»
«Quelque chose est dit qui est immédiatement disqualifié, mais la trace reste, sous forme de doute : « Est-ce qu’il a voulu dire cela, ou bien est-ce moi qui interprète tout de travers ? » Si la victime essaie de nommer ses doutes, elle se fait traiter de paranoïaque qui interprète tout de travers.»
«On le met en porte à faux et on s’assure de pouvoir lui donner tort. On l’a dit, la finalité de tout cela est de contrôler les sentiments et les comportements de l’autre et même de faire en sorte qu’il finisse par approuver et se disqualifier lui-même, dans le but de récupérer une position dominante.»
En mettant l’autre en porte à faux, le pervers remporte une victoire ; il impose une défaite à l’autre. Il le met en situation d’échec. Mais le discours paradoxal, et plus généralement les techniques perverses, ne sont pas l’apanage des pervers authentiques. Ce qui distingue les pervers est qu’il ne connaissent pas d’autre registre de communication.
Rédacteur : Didier – Source : harcelement.org
Le pervers narcissique dira par exemple qu’il a signé pour la forme en contestant sa signature sur le fond.
La loi pourtant est représentée par des êtres humains, plus ou moins conscients, plus ou moins consciencieux, plus ou moins dupes…
>Les juges aussi ont peur de se faire avoir. Vous savez quoi ? Lorsqu’une procédure oppose une personne honnête à un pervers devant un juge, si ce dernier sent qu’il y a de la manipulation dans l ’air, c’est de la personne honnête dont il va douter ! Si ça dure, il se pourrait que le juge comprenne…
Ce n’est pas parce que le manipulateur est plus malin, mais parce que, pour lui, il n’y a aucune différence entre le bien et le mal. Il pense toujours avoir raison, c’est tout !
Pervers narcissiques et leurs victimes
Au sommaire
Les pervers narcissiques de Jean-Charles Bouchoux.
Qui sont-ils ? Comment fonctionnent-ils ? Comment leur échapper ?
Qui est-il ? Comment fonctionne-t-il ? Comment lui échapper ? Grand manipulateur, il détruit à petit feu sa victime qui culpabilise et se dévalorise au fil de leur relation. Dans ce guide très bien fait, chaque facette du pervers narcissique est ici décortiquée, étape par étape, de façon simple et vivante par l’évocation de témoignages. En complément, le psychanalyse nous explique le suivi thérapeutique d’une de ces personnalités toxiques.
Attention, relations toxiques…
La plupart du temps nous ne voyons rien venir. L’histoire a même très bien commencé. Et bientôt tous les signes sont là : nous culpabilisons, nous nous dévalorisons, nous ne parvenons plus à être nous-mêmes, nous aimerions confusément nous éloigner de lui ou d’elle mais n’en trouvons pas le courage… Nous avons affaire à un pervers narcissique.
Qui est-il ? Comment fonctionne-t-il ? Comment lui échapper ?
L’auteur s’attache à décrire la personnalité perverse narcissique à travers son fonctionnement au quotidien : le refus de la réalité, le détournement de la parole, la culpabilisation de l’autre, l’impossibilité de se séparer. Il s’interroge sur les origines de la perversion remontant à l’enfance et donne aux victimes de pervers des pistes pour contrecarrer les tentatives de manipulation ou d’emprise.
- Introduction – Qui est le pervers narcissique ?
- Du besoin au désir, l’énergie pulsionnelle
- La parole, terrain de prédilection du pervers narcissique
- Fragile Narcisse
- Le pervers : un enfant dans un corps d’adulte
- Le deuil impossible
- Les stratégies du pervers
- Les effets pervers sur la victime
- Contrecarrer le pervers narcissique
- Aux sources de la perversion
- Les chemins de la compassion