Outre-Mer, changer de paradigme

Les événements de Guadeloupe devraient faire réfléchir la classe politique et les Français en général. 2,7 de nos compatriotes vivent Outre-Mer, dans les DOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane Mayotte, Réunion) et dans les TOM (Nvelle Calédonie, St Pierre-et-Miquelon, Polynésie). Les premiers relèvent de l’article 73 de la Constitution. En schématisant beaucoup, ce sont des départements où les lois votées à Paris et les règlements s’appliquent normalement avec des dérogations possibles. Les seconds sont régis par l’article 74 de la Constitution: ils sont français mais autonomes, disposent de leur propre assemblée, leurs propres institutions et votent leurs propres lois. Aujourd’hui, les troubles en Guadeloupe ne sont rien d’autre que le signe d’un malaise profond – au-delà des contraintes sanitaires. Les DOM sont dans une situation préoccupante. Ils n’ont quasiment plus d’économie productive en dehors de quelques vestiges d’agriculture et de tourisme, importent 80% de leur consommation, vivent principalement des gigantesques transferts financiers de la métropole qui atteignent des milliards, par le budget de l’Etat et les prestations sociales. Le taux de chômage y est colossal, le désœuvrement généralisé. De fait, le climat d’assistanat a abouti à y étouffer l’esprit d’entreprise. Cet Etat « nounou » a engendré une atmosphère paradoxale, car la population est droguée à la subvention mais ne supporte pas ce qu’elle ressent profondément comme une atteinte à sa dignité. Les dirigeants politiques français, depuis trop longtemps, voient dans l’Outre-Mer (les DOM) un enjeu électoral: des voix à tel point dépendantes de la manne publique sont aisément manipulables et bien utiles pour une réélection. La bonne solution serait de mettre fin à l’article 73 de la Constitution et transformer les DOM en TOM article 74, appartenant à la République pour leur représentation internationale et leur défense et intégrité territoriale, mais absolument autonomes sur le plan intérieur (économie, social, sécurité) avec une période de transition de 5 ans. De fait, il semble que les TOM s’en sortent bien mieux que les DOM. Conserver des départements à 7 ou 8000 km de Paris soumis aux mêmes règles que la métropole est une absurdité, une crétinerie jacobine qui revient à les couper de leur environnement géographique et à entretenir un mélange de soumission et de révolte terriblement explosif, cela pour des raisons essentiellement politiciennes. Peut-être d’ailleurs que nos DOM ne sont rien d’autre que la quintessence de la tragédie française.

MT

Author: Redaction