Une équipe internationale de paléontologues (1), dont Emmanuel Gheerbrant du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS/UPMC), vient de découvrir en Inde de nouveaux restes d'adapisoriculidés datant de la fin du Crétacé (entre - 70 et - 65 millions d'années). Jusqu'alors, ces mammifères arboricoles énigmatiques n'étaient connus qu'au début du Tertiaire (entre - 65 et - 55 millions d'années) en Afrique et en Europe. Récemment, leurs traits arboricoles avaient conduit les scientifiques à les rapprocher d'un grand groupe de mammifères actuels comprenant les primates, ce qui en faisait les seuls placentaires modernes (2) connus avant le Tertiaire. Mais suite à une analyse phylogénétique, les scientifiques viennent de montrer que les adapisoriculidés ne sont pas des mammifères placentaires modernes mais appartiennent à une branche primitive bien antérieure à la naissance de ceux-ci.
Les conclusions de cette étude montrent ainsi que :
- d'après les fossiles découverts, l'origine et la diversification des placentaires modernes ne sont pas antérieures au Tertiaire ;
- les adapisoriculidés, plus primitifs que les placentaires, ont survécu, quant à eux, à l'extinction des dinosaures terrestres, il y a 65 millions d'années, et ont colonisé plusieurs continents en traversant de présumées vastes étendues de mers par des voies énigmatiques. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue PNAS.