Ni responsable, ni responsable

Dans un livre qui vient de paraître (Le sens de notre Nation, Stock, 2022), l’ancien ministre de l’Intérieur M. Cazeneuve met lourdement en cause le maire de Nice M. Estrosi à propos de l’attentat de Nice du 14 juillet 2016. Au moment du feu d’artifice sur la promenade des Anglais, un islamiste avait foncé dans la foule au volant d’un camion provoquant un carnage : plus de 80 morts. « Au moment des attentats de Paris, il [Estrosi] avait imprudemment déclaré que, dans une ville aussi bien protégée que la sienne, jamais de tels drames n’auraient pu se produire. Attaquer frontalement l’État, mettre en cause sur-le-champ la police nationale, abaisser le préfet, salir du même coup le ministre de l’Intérieur, était donc pour lui une manière de détourner l’attention. » A vrai dire, ce qui m’a toujours sidéré dans cette affaire, c’est l’occultation des responsabilités : d’une part qu’un tel événement rassemblant des milliers de personnes ait pu se dérouler, quelques mois après les massacres de Paris (Bataclan, etc.) et d’autre part que les précautions nécessaires n’aient pas été prises (blocs de béton) pour protéger la population dans un tel contexte. Le maire a, quoi qu’il en soit, une responsabilité dans l’organisation de ce genre d’événement sur sa commune et le ministre de l’Intérieur a la responsabilité politique de la sécurité des Français. Mais à la suite de cette épouvantable tuerie, tout a continué comme si de rien n’était, chacun droit dans ses bottes et comme la conscience tranquille. Sans doute quelques lampistes ont payé pour d’autres. Bref, « circulez, y a rien à voir ». Dans une démocratie, après une telle catastrophe, une hécatombe, toute personne impliquée directement ou indirectement, par action ou par omission, dans la chaîne des décisions relatives à cet événement aurait dû non seulement démissionner dans la seconde, mais aussi disparaître à jamais des écrans radars de la vie publique. Mais nous étions en France, la jolie France de la Vème République moribonde…

MT

Author: Redaction