La rentrée commence en fanfare. Ce lundi matin pluvieux, avant-goût amer de novembre, il n’est question à la radio que du président Hollande et son agenda bousculé: remise de la légion d’honneur aux héros du Thalys, rencontre avec Mme Merkel sur la Grèce, menaces sur le pacte de responsabilité, engagements à baisser les impôts en 2016, etc… Avec Sarkozy, ce serait la même chose, mais en sens exactement inverse, les médias ne parleraient que de l’affaire du Thalys comme signe de l’échec de sa politique anti-terroriste – 1000 experts attitrés seraient invités sur toutes les chaînes pour commenter cet échec – de la croissance en berne, de la montée du chômage, de la dette, etc. Pourquoi une telle plongée dans le « culte de la personnalité », positif ou négatif, à travers l’institution présidentielle, une personnalisation des choses digne de la plus primitive des dictatures bananières? Sur ce plan, nous ne valons guère mieux que la Corée du Nord de Kim Jong-Il. Il faut y voir le signe de l’affaissement intellectuel de l’essentiel des élites médiatiques, privées de sens critique, de vision en perspective, et s’accrochant de bonne foi à la moindre illusion, à l’éphémère, aux apparences ou reflet un peu clinquant. Mais c’est aussi et surtout la marque de la crise du pouvoir. Face au drame du chômage massif (depuis quarante ans), du déclin économique, à l’afflux des migrants, au danger terroriste, à l’insécurité, aux massacres en cours à deux pas de l’Europe, les dirigeants politiques ne montrent rien d’autre qu’une vertigineuse impuissance, incapacité foncière à agir. Il n’existe pas de solution miracle: sortir de l’Union européenne comme le proposent les extrémistes ne résoudrait strictement rien. Le problème est beaucoup plus profond, lié à un phénomène culturel. Il tient (je pense) à l’individualisme forcené de notre époque, au refus du collectif, à l’angoisse de la responsabilité, bref à l’effacement du sens de la décision et du gouvernement se traduisant par la fuite dans la communication. La sublimation d’un personnage, son hyper médiatisation, l’ultra-narcissisme présidentiel, ne sert pas à autre chose qu’à compenser le vide de l’autorité et du politique, l’impuissance et la négation du pouvoir. Cette situation n’est sans doute pas éternelle. Un événement terrible, une cassure radicale, historique, viendra y mettre fin. De droite, de gauche, du centre, ou prétendus tels, peu importe: au moins, rester lucide, ne pas se faire avoir…
Maxime TANDONNET