Mme Emmanuelle Mignon, que je connais bien, a été nommée vice-présidence de la formation politique LR. Que faut-il en penser? A vrai dire, j’ai une grande estime pour elle. Ancienne élève de l’ENA, dont elle fut major au classement de sortie, membre du Conseil d’Etat, auteur du programme de N. Sarkozy en 2007 (avec mon aide pour les sujets régaliens!), elle est tout le contraire d’une courtisane. Je n’ai jamais vu personne tenir tête au « patron » avec autant d’aplomb qu’Emmanuelle Mignon quand elle n’était pas d’accord. Et ce dernier, justement, la respectait. En 2009, elle démissionnait de son poste directeur de cabinet à l’Elysée, pour des raisons complexes mêlant une déception sur le fond de la politique et des difficultés relationnelles. Nul dans l’histoire n’a jamais démissionné d’un poste aussi royal, aussi convoité. Il fallait un caractère et, à l’époque, une lucidité hors norme. Plus tard je lui ai dit, en parlant d’un de nos anciens collègues à l’Elysée: « Il est devenu fou. » Elle m’a répondu: « Tout le monde devient fou à l’Elysée. » Parfaitement bien vu. En revanche, le sens de la manœuvre politique consistant à la récupérer pour la nommer vice-présidente m’échappe. Mme Mignon admire M. Macron. C’est son droit le plus absolu [comme c’est mon droit de penser, au contraire, que sa présidence est un désastre] . En juin 2019, elle donnait une interview au Point d’où ressortait un titre explosif: « Emmanuel Macron est le meilleur président de droite qu’on ait eu depuis un certain temps« . J’y réagissait courtoisement et amicalement dans le Figaro. Sa nomination comme vice-présidente, après l’alignement de LR sur le macronisme à deux moments clés – l’Absurdistan liberticide en 2020 et 2021 et l’inutile, dérisoire et illusoire report à 64 ans du départ à la retraite, contre l’avis du pays profond – marque-t-elle une nouvelle étape d’un rapprochement entre LR et le macronisme, par-delà les coups de menton? En tout cas, cela risque d’être interprété et exploité comme tel…
MT