Michel Valet, procureur de la République de Toulouse depuis 6 ans, a officiellement quitté la magistrature le 26 septembre dernier.
Entré dans la magistrature en 1975, Michel Valet parle de ses premières années au Tribunal de grande instance de Grasse comme « une première étape riche et dense ». Mais ce qu’il garde avant tout en mémoire c’est la première équipe à laquelle il a appartenu. « Le souvenir des personnes avec lesquelles j’ai travaillé, c’est le dénominateur commun de toute ma carrière » confie t-il.
Après le TGI de Grasse, Michel Valet passe quatre années à la Réunion en tant que juge d’instruction. Il revient en métropole en 1983 au parquet de Vesoul et ne quittera plus le ministère public. Il travaille successivement pour les parquets de Metz en 1988, de Strasbourg en 1990 et de Nevers en 1995. Durant toute sa carrière, le magistrat a été confronté à un certain nombre d’affaires lourdes et importantes. Parmi ces dernières, une affaire de pédophilie qui a fait 73 victimes sur une trentaine d’années l’a particulièrement marqué.
En 2001, il retourne dans sa région natale et devient chef de parquet à Clermont-Ferrand : « un parquet à taille humaine » qui lui permet de garder plus facilement un lien de proximité avec ses principaux interlocuteurs. Enfin en 2008, il devient procureur de la République de Toulouse. « Il y a eu beaucoup d’affaires extrêmement prenantes et passionnantes. J’y ai connu une activité d’une grande intensité » reconnait-il.
L’évolution du rôle du procureur : prévenir la délinquance
En quarante années de carrière, le procureur a vu son métier évoluer « C’est un rôle passionnant, qui s’est énormément élargi avec la prévention de la délinquance, ce qui a ouvert un champ très important à notre activité et signifie qu’on doit être présent auprès de tous les acteurs de la société qui s’occupent de sécurité ». Procureurs, maires et préfets sont ainsi associés étroitement sur les questions de sécurité et de prévention.
Acteur central de la prévention de la délinquance, le parquet « est plus que jamais en première ligne de tous les grands problèmes de la société ». C’est un changement très important dans le métier », c’est pourquoi Michel Valet souhaiterait plus de moyens. « Le défi des procureurs d’aujourd’hui est de parvenir à assurer cette présence dans la cité, tout en restant activement présent dans son parquet ».
Cette ouverture à la société « répond à une attente très forte » selon le procureur, tout comme l’ouverture aux médias. Une relation entre la justice et la presse qu’il qualifie « d’incontournable mais délicate, parce que leurs rapports au temps et aux évènements sont très différents ».
Respectueux du secret et de la confidentialité dans le travail judiciaire, Michel Valet est aussi très attaché « à l’indépendance des magistrats du parquet » et considère que leur statut « doit encore évoluer pour dissiper le soupçon de manquer d’indépendance qui pèse à leur égard ». La loi du 25 juillet 2013 va d’ailleurs dans ce sens et prévoit notamment l’interdiction de toute instruction du garde des Sceaux dans des affaires individuelles.
Une dimension humaine importante
A Toulouse, Michel Valet était responsable d’une équipe de 22 magistrats et tient à souligner que sans elle « rien ne pourrait se faire ». « L’équipe du parquet c’est la grande force, c’est le grand bonheur que je garderai de ce métier. C’est d’avoir partagé avec mes collègues les mêmes valeurs et le même idéal, avec toutes les difficultés pour faire face à nos missions et la contrepartie de ces difficultés, c’est-à-dire une solidarité obligatoire, grande et forte ».
D’ailleurs lorsqu’on lui demande le message qu’il souhaiterait faire passer sur sa profession, il répond : « C’est un métier passionnant parce que c’est un métier qui nous plonge tous les jours dans l’humain ». Cette dimension humaine est omniprésente d’une part avec les personnes impliquées dans les affaires et d’autre part avec les équipes avec lesquelles il a travaillé. « Les parquets à Toulouse comme ailleurs, ne réussissent à faire face que parce que les magistrats qui les composent font preuve d’un engagement exceptionnel et d’une très grande solidarité».
« J’ai toujours aimé accueillir dans mes parquets des jeunes magistrats sortant de l’école. Cette jeunesse est une richesse pour la magistrature. Voir arriver des magistrats qui ont choisi le parquet en dépit des contraintes qui quelque fois peuvent faire reculer, c’est la garantie d’avoir avec soi des gens qui y croient, qui ont la foi, qui ont un idéal et qui sont prêts à donner, à travailler et à s’engager beaucoup. Pour un chef d’équipe comme je l’ai été, c’est un vrai bonheur que je souhaite à beaucoup d’autres de connaître ».
- 1975 : entrée dans la magistrature
- 1977 : premier poste de magistrat au parquet de Grasse, Alpes-Maritimes
- 1983 : chef de parquet à Vesoul, Haute-Saône
- 2001 : chef de parquet à Clermont-Ferrand
- 2008 : chef de parquet à Toulouse
- 2014 : départ à la retraite