Les Kurdes sont un peuple malheureux, de 40 millions d’habitants, en quête de son unité, déchiré entre la Turquie, l’Irak, la Syrie, l’Iran. Persécuté partout où il se trouve, pourchassé, il réclame depuis plus d’un siècle le droit à son unité, que lui ont refusé les Européens, puis la communauté internationale, malgré de multiples promesses. Aujourd’hui ce peuple pauvre et si longtemps méprisé se retrouve seul les armes à la main pour défendre la civilisation humaine contre la barbarie de Daesh, l’Etat islamique, qui extermine la minorité chrétienne d’Irak et de Syrie, brûle les livres et les chef d’oeuvres, et planifie la destructin des pyramides d’Egypte, torture et massacre ses prisonniers et otages. Je me souviens d’un ami Kurdes iranien, de religion chiite, Mustapha, étudiant en physique nucléaire, de très haut niveau, seul à Paris, dans les années 2000, qui préparait une thèse, donnait des cours de mathématique aux enfants et passait les Noël avec nous. Il nous racontait sa vie d’une voix douce. Il avait été mobilisé à 12 ans pour faire la guerre contre l’Irak et blessé à la cuisse, laissé pour mort, puis évacué et soigné. « La guerre, je la vivais comme un jeu, jusqu’au jour où une balle m’a déchiré la jambe. » Qu’est-il devenu? Après la prise de Kobané début février, les Kurdes, en première ligne, dans l’indifférence et la peur de la communauté internationale, viennent de remporter une nouvelle victoire contre la terreur.
Ils savent ce qu’ils risquent en cas de capture. Pourtant, ils se battent, hommes et femmes. Je songe à cette phrase célèbre de Churchill: « Jamais autant d’hommes n’ont dû autant à un si petit nombre d’hommes. »
Maxime TANDONNET