Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, a présenté ce matin le nouveau test de dépistage du cancer colorectal. Véritable avancée dans la mobilisation contre le 2e cancer le plus meurtrier avec plus de 17 500 décès par an, le nouveau dispositif est plus fiable, plus simple et plus performant.
Vous pouvez lire le discours de la Ministre ci-dessous ; télécharger le dossier de presse en cliquant ici et le communiqué de presse en cliquant ici.
Intervention de Marisol Touraine
Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes
Conférence de presse
Lancement des tests immunologiques pour le dépistage organisé du cancer colorectal
Mercredi 6 mai 2015
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Directeur général de la Santé,
Madame la Présidente de l’Institut national du cancer (INCA),
Madame la Directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins à la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS),
Mesdames et messieurs les journalistes,
Le cancer colorectal touche un grand nombre de nos concitoyens. C’est le troisième cancer le plus fréquent. Chaque année plus de 42 000 personnes en France développent un cancer colorectal, dont 23 000 hommes et près de 19 000 femmes. La France est l’un des pays d’Europe où l’incidence de ce cancer est la plus élevée.
Même si les taux de mortalité diminuent très nettement, de l’ordre de 25% en vingt ans, il s’agit du deuxième cancer le plus meurtrier : plus de 17 500 malades en meurent chaque année.
C’est pourquoi nous devons agir toujours plus, pour mieux dépister, mieux diagnostiquer, mieux traiter.
En effet, détecté tôt, le cancer colorectal se guérit dans neuf cas sur dix, alors que dépisté tardivement, ce n’est le cas qu’une fois sur sept.
Le dépistage est donc primordial ; un diagnostic à un stade précoce permet un traitement moins long, moins compliqué, moins douloureux et moins mutilant pour le patient.
Le plan Cancer 2014-2019 lancé par le Président de la République le 4 février 2014 a renforcé les mesures concernant le dépistage du cancer colorectal. Le premier objectif à atteindre est de « favoriser des diagnostics plus précoces » pour réduire la mortalité et la lourdeur des traitements.
Les tests de dépistage sont proposés tous les deux ans aux femmes et aux hommes de 50 à 74 ans, sans symptôme et sans antécédent personnel ou familial. Le test et l’analyse sont pris en charge à 100% sans avance de frais.
Au-delà, il s’agit d’accroître l’efficacité des dépistages grâce à la mise en œuvre de nouveaux tests.
Pour répondre à cette attente, le ministère de la santé s’est mobilisé avec la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et l’Institut national du cancer (INCA). Le nouveau programme de dépistage organisé avec les tests immunologiques est le fruit de cette volonté politique forte.
En effet, les programmes de dépistage organisé doivent intégrer les évolutions technologiques. Un nouveau test immunologique remplacera l’ancien test au Gaiäc dit « Hemoccult » utilisé depuis plusieurs années. Après plusieurs mois d’attente, ce test est désormais disponible.
Ce test immunologique est « plus performant, plus fiable, plus simple » :
* Plus performant d’abord : grâce à sa sensibilité élevée, il détecte 2 à 2,5 fois plus de cancers et 3 à 4 fois plus d’adénomes avancés que le précédent test.
* Plus fiable ensuite : sa lecture automatisée et centralisée garantit une meilleure fiabilité.
* Plus simple, enfin: un seul prélèvement est nécessaire contre six actuellement. L’ergonomie du test est améliorée.
La mise en place de ce nouveau test immunologique représente une avancée significative pour le dépistage du cancer colorectal.
Les anciens tests au Gaïac ont été arrêtés début 2015 pour mettre à disposition ce nouveau test auprès des professionnels de santé et des personnes à dépister. Depuis plusieurs semaines, les médecins ont été formés à l’utilisation de ce nouveau test à l’aide de kits de dépistage.
Neuf millions de Français vont bénéficier de ce nouveau test. Les personnes ayant réalisé l’ancien test début 2015 et dont les résultats n’ont pas pu être lus par les centres de lecture sont évidemment prioritaires, avec un courrier spécifique à leur attention envoyé par les structures de gestion du dépistage organisé.
Je veux dire aux patients qu’ils ne doivent pas hésiter à demander ce test à leurs médecins et à le réaliser. Et leur rappeler qu’il est indispensable de renouveler le test tous les deux ans entre 50 et 74 ans. Trop de personnes se font dépister une première fois puis abandonnent le dépistage par la suite. Or, un dépistage de qualité n’est possible que s’il est répété régulièrement.
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Ce nouveau test ne servirait à rien sans la mobilisation des médecins et des patients.
En 2014, la participation à ce dépistage ne s’est élevée qu’à 30%.
C’est trop peu et largement inférieur aux recommandations européennes qui sont de 45% au minimum.
Nous savons que la participation au test de dépistage organisé augmente avec l’âge et que les femmes adhèrent davantage au programme que les hommes.
Nous savons aussi qu’il existe d’importantes disparités entre les régions et les départements.Seuls les départements du Haut-Rhin et de la Saône-et-Loire ont des taux de participation supérieurs au seuil minimal de 45% recommandé et le taux est particulièrement bas (inférieur à 20%) pour les départements de la Corse, de Paris, des Hauts-de Seine, de la Lozère et de la Guyane.
Aussi, nous devons aujourd’hui progresser dans cette participation au dépistage. Pour réduire les inégalités territoriales et mieux protéger de ce cancer fréquent les femmes et les hommes de 50 à 74 ans.
Nous lançons aujourd’hui avec l’Institut national du cancer (INCA) une nouvelle campagne d’information avec ce message fort : « un geste simple peut vous sauver la vie ». Une campagne sera diffusée à la télévision à partir du 10 mai et un spot radio dès le 9 mai. D’autres outils pédagogiques et d’information ont été développés et seront diffusés à l’attention tant des patients que des médecins.
Les médecins généralistes et les gastro-entérologues ont un rôle essentiel à jouer pour évaluer le risque des patients et leur proposer la modalité de dépistage adaptée, les inciter à réaliser le dépistage et les prendre en charge en cas de résultat positif.
Je sais que nous pouvons compter sur la mobilisation des médecins pour permettre au plus grand nombre de nos concitoyens de se prémunir contre ce cancer.
Je vous remercie.