Ma vision personnelle de la politique française actuelle à la veille des Européennes

Le régime politique français actuel – je ne parle pas seulement des institutions mais du fonctionnement de la vie politique – a quelque chose de détestable. Le système présidentiel a commercialisé la vie publique à outrance: les électeurs sont appelés à choisir entre des savonnettes au détriment des débats d’idées et projets et même au détriment du choix de personnalités fondé sur leur expérience, leur intelligence, leur caractère et leurs réussites passées. On vote uniquement pour une gueule, une petite gueule, un sourire, une dentition, une cravate, une voix, un coup de menton, une haleine médiatique. Le triomphe de la peste savonnette va de pair avec l’abrutissement collectif : effondrement scolaire et intellectuel, hystérie footeuse ou olympiste, invasion des cerveaux par les ipad et les jeux vidéos…

La peste savonnette a contaminé le déroulement des élections du Parlement européen qui ressemblent, en tout cas sur la scène française, à un grand Guignol absurde avec ses Guignols, ses gnafrons, ses gendarmes et les coups de bâtons. 53% des Français déclarent ne pas s’y intéresser. Ce désintérêt, annonciateur d’un abstentionnisme du même ordre, a quelque chose de sain du point de vue démocratique: la mauvaise soupe ne passerait-elle pas chez une majorité de Français?

Et aussi, il relativise tous le reste. La tête de liste lepéniste qui fait l’objet d’une invraisemblable et vertigineuse surexposition médiatique, fanfaronne avec ses 30% annoncés par les sondages. Le lepénisme a certes réussi a cristalliser le mécontentement populaire mieux que d’autres, à l’occasion d’un scrutin qui se présente avant tout comme un exutoire de la souffrance et de l’humiliation collective. Mais 30% avec une abstention de 53%, cela fait moins de 15% d’adhésion populaire: on est bien loin, bien loin, d’une poussée venue des profondeurs du pays. Idem pour le socialiste: 12% dans les sondages se ramènent à 6% de taux d’adhésion. Franchement, pas de quoi pavoiser… Quant à la droite LR, enkystée autour de 3 à 4% réels, elle paye hélas pour ses compromissions avec le pouvoir actuel auquel elle se trouve désormais associée dans l’inconscient collectif.

Tout cela démontre que la situation politique demeure extrêmement volatile. Même s’il faut le déplorer amèrement voire s’en indigner, la démocratie, les débats d’idées, les projets et les partis politiques sont morts et enterrés. Les prochaines élections nationales de 2027 se joueront plus que jamais sur un coup de dés, une affaire de savonnettes, de marionnettes et de matraquage sondagier, de scandales éventuels, montés de toute pièce, et de petite gueule médiatique et puis c’est tout. Elles seront, comme les deux précédentes, à un seul tour. Celui qui réussira, par un trou de souris, grâce à sa petite gueule médiatique et avec la complicité sondagière, à se glisser au second tour contre l’inévitable et inamovible Mme le Pen, avec 20% des voix, aura par avance gagné les présidentielles (sauf si c’était M. Mélenchon, et encore…). Et le reste s’enclenchera avec la possibilité d’obtenir une majorité à l’Assemblé nationale à la faveur d’un gigantesque taux d’abstention. Tout ceci pour dire que le jeu est extraordinairement ouvert, instable, mouvant et l’avenir politique de la France, profondément, vertigineusement imprévisible et incertain.

MT

Author: Redaction

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