Le déroulement des prochaines élections présidentielles, tel qu’il est promis par les sondages depuis cinq ans, semble en passe de se réaliser. Il est d’une affligeante tristesse. Ce devrait donc être, comme prévu, selon la loi des sondages, le Pen/Macron. Cette affiche de second tour a quelque chose d’invraisemblable. Le jeune sauveur providentiel euphorique de 2017qui promettait un « nouveau monde », un « renouvellement » et une « transformation de la France » présente un piètre bilan: endettement record du pays, accélération du déclin scolaire, banalisation de la violence et de l’insécurité, saccage des libertés (confinements, couvre-feu, passe vaccinal), affaiblissement des services publics (hôpital), chômage de 3,4 à 6 millions de personnes (statistiques pôle emploi), 10 millions de pauvres, perte du contrôle des frontières, corruption (Benalla, McKinsey, etc.). Son projet ne tient plus aujourd’hui que dans une étrange sublimation narcissique matinée de courtisanerie et de félonie. La réélection d’un personnage profondément détesté par une grande partie de la France, déjà rongé par les échecs, les scandales et l’impopularité, ne peut qu’entraîner le pays un peu plus loin dans l’abîme. Mme le Pen ne vaut guère mieux. Elle est l’héritière d’une famille qui pollue la vie politique française depuis un demi siècle par ses excès et ses provocations. Elle n’a pas la moindre expérience de l’Etat, n’a jamais exercé la moindre responsabilité publique. Elle n’a jamais été en situation de prendre une seule décision et de l’assumer. Son regard est vide. Elle ne dispose d’aucun ancrage dans les territoires, d’aucun entourage crédible, d’aucun relai dans l’administration, l’entreprise ou les médias et n’incarne rien d’autre que les violents déchirements d’une nation. Son éventuel mandat ressemblerait comme à un frère à celui de M. Macron: impuissance chronique, vertigineux chaos, gabegie financière pour apaiser les tensions, fuite dans la mégalomanie, la logorrhée et les gesticulations narcissiques pour couvrir l’effondrement du pays. Mme le Pen a quelque chance sérieuse d’être élue au second tour, par rejet de son alter-ego: une chance sur trois environ, ce qui est beaucoup. Et après? M. Macron ou Mme le Pen sont les deux facettes de la même mauvaise pièce, de la même politique spectacle. Les amoureux transis de l’un et les groupies fanatisés de l’autre maudiront mon propos. Pourtant, il ne dit rien d’autre que la sinistre vérité. Vous ne me croyez pas? Vous allez voir… Il est lamentable que les Français n’aient pas trouvé en cinq ans la force collective de caractère et de lucidité pour se débarrasser de l’odieux tandem. La France est plongée dans une impasse démocratique qui ne peut pas ne pas la conduire tôt ou tard à la catastrophe.
MT