Le ministre de l’Education a décidé – si on comprend bien – de supprimer les matières communes du bac, en particulier l’histoire. Ne resterait donc que le « grand oral » et le reste serait renvoyé au contrôle continu. La bête est déjà presque morte avec des taux de réussite de plus de 90% qui en réduisent la signification. Le grand oral ne porte sur rien de particulier, il est vide à l’image du nihilisme contemporain. Sa notation ne porte pas sur un contenu et une réflexion. Que peut-il récompenser sinon, vaguement, arbitrairement, la capacité d’esbroufe? Quant au contrôle continu, il ne fait que donner aux professeurs avec lequel les lycéens sont en contact quotidien la clé de leur avenir, donc l’arbitraire et les inégalités entre établissements. Il est particulièrement sidérant de voir qu’un ministre qui était supposé incarner la fermeté devient le principal liquidateur d’un volet du patrimoine français. Le bac représentait pour nos générations un objectif, un repère et une référence. Il était un rituel valorisant le mérite personnel. Il récompensait à la fois un effort et une intelligence et permettait à des jeunes issus d’un milieu défavorisé de se hisser à la force du poignet. Il était un symbole et une fierté. Voilà, c’est un chêne français – un de plus – qu’on abat lâchement, sacrifié à l’idéologie du grand nivellement. Au moins songe-t-on à le remplacer par autre chose, par exemple une épreuve d’entrée dans les universités? Evidemment que non – ils sont bien trop lâches – et l’université continuera elle aussi à mourir asphyxiée sous la masse de générations hagardes au profit d’une poignée de grandes écoles ultra-élitistes. Tout ceci est lamentable.
Maxime TANDONNET