L’Europe unie des Nations ou la mort

imagesAX7GGNUDCi-dessous mon article publié ce matin, le 6 février, par le Figaro journal, en pages débats.  Il exprime une certitude absolue, que j’aimerais faire partager. Le système bruxellois des directives, des règlements, des sanctions de la cour de justice, qui vise à réguler la vie des Européens dans le moindre détail, entraîne le continent européen comme un boulet vers le fond de l’abîme. En revanche, l’Europe des Nations ne peut désormais survivre, s’en sortir, échapper à la destruction qu’à la condition de réaliser son unité politique et stratégique. L’Europe, ce sont les grands Etats libres et souverains, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Pologne,  qui ont une histoire, une culture, un destin commun, et doivent réunir leurs forces dans un esprit d’osmose pour se sauver ensemble, en formant une coalition politique, économique, militaire, diplomatique afin de reprendre en main les clés de l’avenir et combattre par tous les moyens nécessaires les ennemis qui veulent sa destruction. Sinon, ils mourront chacun dans son coin et c’est le spectacle tragique auquel nous assistons aujourd’hui.

Maxime TANDONNET

Pour l’Europe unie des Nations

Que reste-t-il de l’idéal des Pères fondateurs de l’Europe, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, de fonder une « union toujours plus étroite entre ses peuples »? Certes l’appareil bureaucratique et juridictionnel, issu des traités de Maastricht et de Lisbonne, visant à réguler la vie des Européens dans les moindres détails, ne cesse de renforcer son emprise. Par exemple, un arrêt de la cour de justice de l’Union européenne du 10 septembre 2014, oblige l’Allemagne à inscrire un étudiant tunisien à l’Université technique de Dortmund. Mais la volonté politique de bâtir un destin commun aux nations européennes semble ne plus exister que dans les proclamations et l’incantation. Qui y croit encore?

La crise grecque qui ne cesse de s’envenimer depuis cinq ans, d’ultimatum en ultimatum, de milliards en milliards versés en vain, montre une Europe sous domination allemande, rompant avec l’un de ses principes fondamentaux, « l’égalité des Etats membres », une Europe déchirée, incapable de se remettre en question, ni de prendre une décision qui s’imposait – la sortie temporaire de la Grèce de la zone euro.

La crise des migrants, l’arrivée en 2015 de plus d’un million de personnes en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique a provoqué un immense séisme. Face à ce phénomène d’ampleur titanesque, les réflexes nationaux se sont déchaînés. L’Allemagne a agi en solitaire. Enchaînée à sa mauvaise conscience, elle a donné le sentiment de sombrer dans la panique. Se pliant à l’émotion médiatique, elle a tout d’abord encouragé le mouvement. La chancelière Merkel posait ainsi en « mère des réfugiée ». Puis, face aux images insoutenables des foules en perdition, elle s’est brutalement raidie. Elle a voulu imposer des « quotas d’accueil » irréalistes à ses partenaires. Puis, elle a rétabli ses contrôles aux frontières internes, violant le principe de libre circulation. Le fractionnement de l’emblématique « espace Schengen » s’est alors accéléré, l’Autriche, la Slovénie, le Danemark, la Suède, la France, emboitant le pas à l’Allemagne. Rien n’est réglé pour autant et l’afflux se poursuit.

L’Union européenne semble en voie de désintégration. Le Brexit, la sortie du Royaume-Uni, constituerait un choc gigantesque. Les pays d’Europe orientale, la Hongrie et la Pologne, sont entrés en dissidence ouverte contre l’appareil bruxellois. La Grèce est de nouveau traitée en bouc émissaire, cette fois-ci accusée de la faillite de la frontière commune. Cette Union ne cesse de s’enfoncer dans une impopularité chronique. Un sondage eurobaromètre montre que 59% des Européens ne lui font pas confiance, 63% des Français, 66% des Britanniques et des Espagnols, 69% des Italiens, 59% des Allemands. Est-il concevable, en démocratie, de construire un projet commun sur un rejet populaire aussi massif?

Le retour à des Etats-nations isolés, voire aux passions nationalistes, dont la montée s’exprime à la fois dans les urnes et dans la rue, est-il inéluctable? Paradoxalement, dans ce climat d’apocalypse, jamais l’unité politique du continent, profondément uni par son histoire, sa culture, un destin commun face aux grands périls planétaires, n’a été aussi vitale. La cause de l’effroyable impuissance européenne face à la crise des migrants, face aux noyades, est l’absence de cohésion politique. Face au drame, les Nations européennes devaient impérativement coaliser leurs forces militaires et économiques pour intervenir en amont, imposer un blocus aux passeurs qui accumulent des fortunes en jetant à la mer des millions de migrants, oeuvrer au secours sur place des réfugiés, à l’accueil organisé d’une partie d’entre eux, puis à la pacification et au développement des régions d’origine. Le temps de l’Europe unie des Nations est venu. Encore faudrait-il en prendre conscience.


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Author: Redaction