L’Europe face à son destin

téléchargement (1)800 migrants auraient péri noyés dans la nuit lors du naufrage de leur navire, parmi eux se trouvaient sans doute des enfants et leurs parents, victimes de la traite des personnes organisée par les passeurs criminels. On compterait 10 000 arrivées de migrants clandestins sur les côtes italiennes en une semaine. L’Union européenne, face au désastre humanitaire, une hécatombe qui ne dit pas son nom, se montre d’année en année toujours plus impuissante et frileuse. A 28 elle est conçue non pour l’action, mais pour produire des normes juridiques, règlements et directives, jurisprudences qui s’accumulent dans le plus grand fatras et ne font qu’aggraver l’impuissance. Cependant, la suppression pure et simple de la libre circulation en Europe ne réglerait rien. Laisser l’Italie seule face à la catastrophe humanitaire en l’enfermant dans des frontières étanches n’apporterait aucune solution à terme: d’abord, elle est un pays frère, dont l’histoire se confond avec la nôtre, et ensuite, rien ne pourrait empêcher les masses de migrants accumulées dans ce pays de se répandre tôt ou tard en Europe, par tous les moyens, y compris au prix de nouvelles catastrophes humanitaires.

Pour être capable d’agir, de décider, de se gouverner, la seule solution ayant fait ses preuves dans d’autres circonstances est l’unité des quelques gouvernements concernés – Italie, France, Allemagne, Autriche, Espagne, Royaume-Uni – pour agir ensemble. Et que faire?

Deux options politiques se présentent pour tenter de sortir de l’impasse actuelle et mettre fin aux drames qui se produisent.

Celle de l’idéal, autour de l’accueil accepté : visas illimités, voire suppression des visas, organisation de ponts maritimes et aérien pour faciliter la venue de tous ceux qui veulent s’installer. Mais alors, il faut bien réfléchir aux conséquences. Avec deux milliards d’habitants en Afrique et en Asie dont le revenu, de moins de deux dollars par jour, est environ 40 fois inférieur à celui de l’Europe, les phénomènes de chômage massif de la jeunesse (parfois 40 à 60% de la population active), la misère, les guerres, les dictatures, des taux de fécondité parfois 3 fois supérieurs à ceux de l’Europe, le risque est de déclencher un mouvement de populations sans limite, puis une situation de chaos liée à l’incapacité matérielle de faire face à ces arrivées (logement, travail, coûts sociaux…), des phénomènes de rejets, puis le retour des nationalismes agressifs et violents – dont la montée en cours des extrémismes sur tout le continent est déjà un signe avant coureur – enfin, dans le pire des cas, la remise en cause du modèle européen de démocratie libérale .

Celle du réalisme qui consiste à rappeler un principe fondamental: l’Europe est un continent ouvert, mais qui n’a pas la capacité, psychologique et matérielle, de recevoir un nombre illimité de migrants. Dès lors, nul ne peut s’y installer sans respecter les voies de droit qui sont prévues. L’Europe, à travers ses Etats volontaires, en plein accord les uns avec les autres, organise des patrouilles maritimes et aériennes pour empêcher les embarquements clandestins de migrants sur les côtes sud ou Est de la Méditerranée et bloquer sur place les « navires tombeaux » qui entraînent des milliers de personnes à la mort. « C’est impossible! » va-t-on nous dire. Face à une menace réelle, au danger de mort pour les migrants et à l’inquiétude de nos sociétés, l’inaction au prétexte de l’impossible, devient elle-même criminelle. En parallèle, l’Europe doit se décider à engager une politique massive de développement économique et social des pays qui l’entourent et en faveur de leur stabilisation, une priorité absolue dont dépend sa survie. Enfin, le trafic des personnes humaines, l’envoi au massacre de milliers de personnes, doit être considéré comme une forme d’esclavagisme, un crime contre l’humanité, relevant du tribunal pénal international et faire l’objet d’une traque internationale sans répit.

Il n’y en a pas de troisième, sinon le statu quo, avec son cortège de malheur…

(Merci à d’éventuels commentaires pour leur modération sur un sujet aussi complexe trop souvent otage des passions et des exploitations idéologiques).

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction