Lettre reçue d’une lectrice sur le projet de légalisation de l’euthanasie (débat)

Cher Maxime,

Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour votre blog que je lis très régulièrement et dont j’apprécie la qualité.

Je voulais réagir à votre billet sur l’euthanasie. Le cas que vous décrivez est effectivement tragique. Il me semble cependant que la loi Claeys-Léonetti autorise la sédation profonde jusqu’au décès et aurait peut-être été applicable dans cette situation.

Le projet du président Emmanuel Macron de légaliser l’euthanasie me semble excessivement dangereux. En effet, comme de nombreuses personnes l’ont déjà écrit bien mieux que moi, aucun garde-fou ne tient, l’euthanasie devient progressivement un « droit », les conditions d’application, strictes au départ, sont toujours plus élargies et l’accès aux soins palliatifs devient de plus en plus difficile. C’est ce qui s’est produit dans tous les pays ayant légalisé cette pratique et c’est ce qui se produira aussi en France si une telle loi est votée. Il n’y aura pas d’exception française.

Le principal risque, à mon avis – et encore une fois, d’autres l’ont déjà largement souligné – est que les personnes âgées, malades, handicapées finiront par se sentir obligées de demander à mourir pour ne pas être un poids pour leurs proches et la société, quand bien-même elles ne le souhaiteraient pas. Le vocabulaire employé, « choisir de mourir dans la dignité », implique que toutes les vies ne se valent pas, qu’il existerait une hiérarchie implicite entre les vies humaines dignes de personnes jeunes et en bonne santé et d’autres indignes. C’est l’exact opposé de la fraternité mentionnée par Emmanuel Macron (quel parfait exemple de « double-speak » orwellien !).

Enfin, à plus long terme, je pense qu’une telle banalisation ferait régresser la société, non seulement sur le plan moral, mais aussi sur le plan matériel. En effet, qui financera les recherches scientifiques pour soigner des maladies aujourd’hui incurables, pour alléger les souffrances physiques provoquées par des dégénérescences ou trouver des solutions ingénieuses pour faciliter la vie des personnes handicapées quand une solution rapide, simple, définitive et économique est à portée de seringue ? Le produit de ces recherches bénéficie parfois à l’ensemble de la société de manière inattendue.

Je ne citerai que deux exemples pour illustrer mon dernier point. La télécommande a été inventée pour les personnes handicapées qui avaient de grandes difficultés à changer de chaîne de télévision lorsqu’il fallait physiquement appuyer sur des boutons. L’usage de la télécommande s’est répandu dans toute la société et a sans doute favorisé l’apparition des chaînes câblées et satellitaires. Il est difficile d’imaginer un poste de télévision avec 250 boutons… Le Botox, dont sont très friandes de nombreuses personnes militant pour le « droit à mourir dans la dignité (et sans rides) » a notamment été développé pour alléger les souffrances de patients atteint de paralysie cérébrale, une maladie incurable et douloureuse…

Si toutes les vies ne se valent pas, on pourrait également s’interroger sur la pertinence de la démocratie ou de l’égalité entre les citoyens. Bref, tous les cauchemars sont envisageables.

Légaliser l’euthanasie représente un véritable basculement de civilisation, menant à la barbarie. Nous pouvons résister à ce mouvement et choisir une société respectueuse de toutes les vies humaines pour nous et les générations futures.

J’ignore si mon petit laïus aura réussi à vous convaincre, mais ce sujet est bien trop grave pour être traité avec la désinvolture affichée par l’actuel gouvernement. J’espère que de nombreuses personnes continueront à se battre pour éviter que ce projet ne devienne une loi.

Bien cordialement,

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Author: Redaction

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