Lettre ouverte à Emmanuel Macron : Comment soutenir à la tête de la Francophonie la ministre d’un Etat qui a supprimé le français au profit de l’anglais ?

Monsieur le Président,

Le sommet de la Francophonie qui se déroule les 11 et 12 octobre dans la capitale arménienne est une grande fierté pour notre pays.  Quel plus bel hommage aurait-on pu rendre à Charles Aznavour, Français de parents arméniens, dont les chansons ont fait résonner notre belle langue à travers le monde ? Nos relations amicales, fidèles et fructueuses avec l’Arménie illustrent la vitalité de la culture française qui conquiert les cœurs au-delà des nations historiquement francophones.       

Messager de notre civilisation et de nos arts depuis la Renaissance, le français est indissociable de notre histoire et de nos valeurs. Alors que François 1er avait imposé avec l‘Ordonnance de Villers-Cotterêts le français aux affaires du Royaume, le  poète Joachim du Bellay faisait déjà de la France, « la mère des arts, des armes et des lois ». Seconde langue pour le Prix Nobel de Littérature avec 15 lauréats, le français reste la langue de travail de nombreuses institutions internationales comme l’ONU ou le Comité International Olympique.

Comment imaginer que le rayonnement de notre langue sur tous les continents, en particulier en Afrique, ne définisse pas la place de notre pays dans le XXIème siècle ?  C’est votre rôle, Monsieur le Président, d’être le premier défenseur du français, de ne rien céder à l’hégémonie de la langue anglaise qui uniformise les cultures du monde. 

Cette alliance culturelle unit d’ores et déjà 284 millions de personnes, elle rassemblera en 2050 au moins 500 millions de locuteurs, soit davantage que la population de l’Union Européenne à cette date. Grâce à cet héritage commun, la France est, et demeurera l’un des phares du monde, un carrefour à la croisée de multiples cultures. Léopold Sédar Senghor ne disait-il pas que le français était la langue de la civilisation ? 

Aussi, la France et ses partenaires doivent veiller au choix des personnalités qui incarnent la Francophonie. La Secrétaire actuelle de l’Organisation Internationale de la Francophonie, la canadienne Michaëlle Jean, postule pour un nouveau mandat. Représentante d’un peuple frère, amie de la France parlant cinq langues et soutenue par de nombreux pays africains, elle aurait pu être la candidate naturelle de notre pays.

Hélas, nous savons depuis mai dernier que vous allez soutenir la candidature de Louise Mushikiwabo, numéro deux du dictateur-président du Rwanda, Paul Kagame. 

Naturellement, il est tout à fait légitime que le Secrétariat puisse revenir à un représentant africain. Néanmoins le soutien de la France à Mme Mushikiwabo est incompréhensible et injustifiable, comme vous l’ont indiqué quatre anciens ministres de la Francophonie dans une tribune  parue dans Le Monde du 13 septembre dernier.

En 2009, Paul Kagame a choisi d’adhérer au Commonwealth et d’imposer l’anglais comme  langue officielle du Rwanda, ancienne colonie belge. Le français n’y est quasiment plus enseigné. Cette décision était l’aboutissement d’une politique odieuse envers la France. Paul Kagame a désigné notre pays comme bouc émissaire de l’abominable génocide qui a frappé son pays. Au moyen d’une propagande odieuse, il accable l’armée française de responsabilités imaginaires alors que notre pays a été la seule puissance à tenter d’arrêter les massacres.

Le 11 septembre 2011, Louise Mushikiwabo a déclaré que « l’anglais est une langue avec laquelle on va plus loin que le français. Au Rwanda, le français ne va nulle part. » En 2014, elle a fait raser au bulldozer le centre culturel français de Kigali. Quelles belles preuves d’amour envers la France et notre langue !

Monsieur le Président, votre devoir est de veiller sur les intérêts de la France et des Français, mais aussi sur l’héritage et la destinée de la Nation.

Cessez d’abandonner tout ce qui a forgé l’identité unique de notre peuple. La défense de la Francophonie et de l’honneur de la France face à la haine de l’Etat rwandais exigent de vous un changement complet de politique diplomatique. Rappelez-vous que vous serez non seulement responsable devant le peuple mais aussi face à l’Histoire.
 

Claudine Kauffmann, Sénatrice du Var

Jean-Louis Masson, Sénateur de la Moselle

Christine Herzog, Sénatrice de la Moselle

Nicolas Dupont-Aignan, Député de l’Essonne

Slider Accueil: 
non
Author: Redaction