L’étrange destin de M. Hulot

Il n’est pas de destin plus emblématique de notre époque que celui de Nicolas Hulot. Cela dure depuis une quinzaine d’années. L’animateur de télévision était l’homme le plus populaire de France. Les sondages sur les personnalités préférées des Français le situaient, invariablement depuis plus d’une décennie, largement devant tout le monde, caracolant en tête, dominant, intouchable favori des jeunes, des vieux, des hommes comme des femmes. Ses grandes émissions triomphaient, Ushuaia, etc. Il incarnait le défenseur passionné de l’environnement, l’oncle ou le grand-frère gentil, consensuel, amical… Il était tellement populaire que les présidents de la République se mettaient a genoux devant lui pour l’avoir comme ministre de l’environnement et récupérer ainsi un peu de sa popularité. Il le fut, ministre de M. Macron, un très mauvais ministre de notoriété publique, qui claqua la porte à la première occasion, mais quelle importance? Sa popularité revenait par la suite, toujours plus grande, une popularité inscrite dans ses gènes d’homme de médias et de grand communicant indépassable. Il incarnait le bien, la pureté, en défenseur de la planète, sans tâche. Et puis soudain, le vent se retourna. Accusé de viol par plusieurs femmes, il bascula en quelques jours, quelques heures, du statut d’ange médiatique à celui de démon, de paria ou de pestiféré d’une société (qu’il le mérite ou non, le fait est qu’il n’a pas été jugé et qu’il est présumé innocent). Aujourd’hui, rien n’est plus stupide et plus ridicule que la quête de la notoriété. Nous vivons dans le monde des images où ne compte que l’apparence des choses, l’illusion d’un visage omniprésent et l’émotion de foule qu’il suscite. La notoriété est artificielle, non pas fondée sur l’intelligence ou les qualités humaines, mais sur l’illusion médiatique, d’où son extrême fragilité. Il suffit d’une accusation, une suspicion… Le basculement, du paradis à l’enfer, de l’adoration béate au bucher médiatique est immédiat et sans rémission. Nul ne sait ce qu’a fait précisément M. Hulot, en principe présumé innocent. Nous vivons dans un monde où la gloire (la notoriété) est l’antichambre du lynchage. Vivons heureux, vivons cachés.

MT

Author: Redaction