A plusieurs reprises, j’ai été invité ces derniers temps sur des plateaux de télévision pour commenter l’actualité, par exemples sur les quotas d’immigration ou sur le Congrès fondateur des Républicains. Je n’y suis pas allé par paresse (je n’aime pas rentrer tard, sauf pour les dîners entre amis) et par désintérêt pour la notoriété médiatique. Oui, je sais que j’ai tort. Quant au Congrès fondateur des Républicains, merci de me corriger pour les bêtises que je vais exprimer ici. Je dis mes sentiments profonds mais ne prétends en rien détenir la vérité. Concernant le nom, sur lequel la polémique s’est polarisée, cela ne m’intéresse pas. Un nom ou un autre ne change rien ou presque rien à la réalité d’un parti. Le mot « famille politique » m’agace, martelé du matin au soir, car la notion de famille est malvenue en politique. Pour des gens qui se haïssent et qui se préparent à sortir les couteaux, le recours à l’affectif me semble teinté d’hypocrisie. Il renvoie au népotisme familial, tâche originelle d’un autre parti politique, un qui n’a pas changé de nom ni de nature et que je déteste viscéralement, celui-là. Bon j’ai écouté les discours, celui du président Sarkozy notamment (le mot président, sous ma plume se rattache exclusivement à sa qualité d’ancien chef de l’Etat, et non de chef de parti). Ce discours a visiblement plu aux militants de par son caractère musclé. Mais ce qui m’inquiète, c’est qu’un discours d’un Congrès fondateur, est censé donner le ton pour l’avenir. Or, le ton ne m’a pas paru totalement convainquant. Il m’a semblé pour l’essentiel axé sur le rejet de Hollande et de la politique socialiste. Or, qu’est-ce que cela apporte? Tout le monde sait que le parti au pouvoir est au fond du gouffre et plongé dans une fuite en avant destructrice, une logique de la terre brûlée. Le président Sarkozy en s’enfermant dans un duel personnel avec Hollande ne peut que fournir un tremplin à celui-ci pour remonter; et par la même occasion indisposer encore plus la masse des Français (non militants) écoeurés par les jeux politiciens. Pour un Congrès fondateur, je n’ai pas entendu grand chose de ce que j’espérai sur les lignes fondatrices de la politique de l’avenir: comment (justement) réformer profondément la République pour la rendre plus efficace, utile, tournée vers le bien commun et moins centrée sur les polémiques personnelles, sujet majeur qui domine tous les autres et dont les politiciens ne veulent pas entendre parler? Comment combattre la fracture entre le peuple et les élites en ravivant la démocratie? Quel élan de libéralisation de l’économie pour combattre les charges et les contraintes qui étouffent l’entreprise et condamnent nos jeunes à l’exclusion? Quels changements va-t-il falloir apporter à l’Europe pour la mettre au service des peuples européens? Comment, concrètement, restaurer l’autorité en matière de sécurité? Quelle approche opérationnelle, réelle, sur les questions d’immigration, d’intégration, de banlieues, de communautarisme, plutôt que les éternelles digressions métaphysiques qui ne font que déchirer et n’apportent rien? Prendre le pouvoir sur la seule base de l’anti-hollandisme, comme ce dernier s’était appuyé en 2012 sur l’anti-sarkozisme? D’accord, mais après? 2017-2022? Une nouvelle plongée aux enfers pour les dirigeants du pays, 5 ans de polémiques, de fureur médiatique, de gesticulations débiles et en 2022, le retour au pouvoir de M. Hollande, M. Valls, Mme Taubira? Avec un Front National à 40%? Voilà ce que le Congrès Républicain m’a inspiré. Mais encore une fois, je ne prétends pas détenir la vérité, j’attends qu’on me corrige et qu’on essaye de me convaincre du contraire.
Maxime TANDONNET