A l'occasion du dernier « café philosophique télévisuel », « les terriens du samedi », le chroniqueur Yann Moix s'en est pris, avec une rare violence verbale, aux forces de l'ordre. Employant des termes d'une indignité linguistique peu en phase avec l'élitisme littéraire dont il voudrait se prévaloir, il a déclaré que « les policiers chiaient dans leur froc et n'avaient pas les couilles d'aller dans les endroits dangereux » (Sic!).
Sur ce même plateau, le journaliste d'investigations Frédéric Ploquin présentait son livre « la peur a changé de camp », un ouvrage dont on ne peut douter de la pertinence, tant il reflète la triste réalité du quotidien policier.
Ayant passé quarante ans dans l'Institution Policière, terminant ma carrière à Aulnay sous Bois ( l'affaire Théo), l'une des villes les plus renommées en terme de dangerosité, je me suis immédiatement inquiété de « mon intégralité anatomique ». Aux dires de mon médecin tout était on ne peut plus normal...et je présentais même, vu mon âge avancé, une remarquable vitalité ! Je ne doute pas que mes collègues en activité, pris d'une « similaire angoisse anatomique » bien légitime après de tels propos, n'en soient arrivés aux mêmes conclusions cliniques rassurantes...
Yann Moix fait partie de ces Baudelairiens désespérés qui submergent la pensée avec une constante régularité, entraînant dans leur « spleen suicidaire » une société qu'ils haïssent car elle rejette le dégoût jubilatoire de ces poètes maudits.
Certains envisagent un dépôt de plainte, un signalement au CSA, mais ce serait tomber dans le piège de la judiciarisation de la pensée que l'on ne peut à la fois dénoncer et entretenir.
Pour ma part, j'éprouve à son égard une grande pitié, une sorte de commisération condescendante, et pour paraphraser ses propos, en termes plus amènes, je l'inviterais à modérer « son onanisme intellectuel », qui, comme chacun sait, rend sourd...et parfois aveugle !
Tout autre doit être notre admiration sans réserve à l'égard des forces de l'ordre. Qu'il s'agisse des policiers nationaux et municipaux ou des gendarmes, ils tentent avec leur seule énergie et un courage sans égal de contenir le « tsunami sociétal » qui dévaste notre Nation.
Garder la paix aujourd'hui relève de l’héroïsme, et chaque jour des hommes et des femmes, au péril de leur vie, s'y emploient. Ils représentent ce que la République a de meilleur : l'indéfectible loyauté et la totale abnégation que cela suggère.
Merci à eux.
N'en doutons pas, nous saurons bientôt leur rendre justice !
Maurice Signolet
Délégué National à la Sécurité