L’audition de Mme Buzyn, ancienne ministre de la santé devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale était pleine d’enseignement. Elle n’avait rien à se reprocher. Depuis le début, tout s’était parfaitement passé. Tout avait été correctement anticipé, maîtrisé, sans le moindre doute, sans la moindre faille. Il en est ainsi de l’ensemble des acteurs de cette crise. Les choses ont été impeccablement gérées par tout le monde. Depuis le début des événements, pas l’once d’un regret, d’une excuse. Tout le monde est merveilleusement droit dans ses bottes. Du passé, faisons table rase. Oublier, tout peut s’oublier. Les cotes de popularité remontent aussi vite qu’elles ont chuté. Celle du Premier ministre suit une courbe ascensionnelle vertigineuse dans l’extase médiatique. Les fautes de communication n’ont jamais existé. Le 11 mars, cet appel surréaliste aux Français en pleine pandémie, à ne pas avoir peur et à continuer de vivre comme si de rien n’était, à prendre les transports (sans masque évidemment), se rendre au travail, au spectacle, etc.? Combien de victimes dues à cet appel? Oublié, cela n’a jamais existé. Le matraquage obsessionnel des plus hautes autorités du pays, pendant deux mois, sur les masques supposés « inutiles », « ne servant à rien »? (avant qu’ils ne fussent rendus obligatoires). Fini, oublié, cela n’a jamais existé. 30 000 morts, l’un des pires bilan planétaire en moyenne par habitant? Fini, oublié, cela n’a jamais existé. La tragédie des EPAD? Finie, oubliée, cela n’a jamais existé. L’anéantissement pendant un mois et demi de la liberté individuelle par un confinement zélateur et arbitraire, assorti de brimades invraisemblables, un désastre économique qui est l’un des plus calamiteux en Europe et dans le monde? Aucun souvenir, aucun regret, pas une once d’excuse. Tout le monde est parfaitement droit dans ses bottes, non responsable, irresponsable. Tout le monde a été formidable. Tout le monde est content. « Le monde d’après? » Nous y sommes enfin… La marche vers un « nouveau chemin » est lancée, après le nouveau monde. Pour le reste c’est fini, passé, terminé effacé… La roue tourne. Et dans tout ce marasme, nul n’a entendu la moindre once d’un regret, d’une excuse aux Français. La France est passée à autre chose un nouveau gouvernement, un nouveau chemin, et tant pis pour les morts, les deuils et les malheureux qui ont perdu leur job. Une nouvelle grande aventure de deux ans commence dans un pays comme anesthésié, abruti, indifférent : la réélection de Jupiter en 2022 contre « le mal absolu ».
Maxime TANDONNET