200 artistes célèbres ont signé une pétition largement diffusée pour s’opposer à « tout retour à la normale ». Il s’y trouve les grands noms du cinéma et de la chanson, français et internationaux. Fascinante lecture: elle dévoile, derrière l’affichage de la bonté, de la bonne conscience et de la générosité, un monstrueux magma d’égocentrisme. « Qui veut faire l’ange fait la bête » (Pascal). Affirmer que la crise du covid19 a « des vertus« , c’est jeter un voile pudique sur la souffrance qu’elle engendre et qui n’est même pas évoquée: plus de 25 000 morts en France et leur cortège de deuils- mais ce n’est pas fini – 11 millions de personnes au chômage, toute une jeunesse à terre, une épouvantable catastrophe économique, probablement sans précédent dans l’histoire, l’anéantissement de nos libertés, d’aller et venir, de circuler librement dans le pays, de voyager… Venue des plus privilégiés d’entre les plus privilégiés, cette leçon de « vertu » résonne comme un crachat au visage de tous ceux que la crise du covid 19 a plongés dans la mort ou la misère, c’est-à-dire, pour l’essentiel, les personnes âgées, les malades et les jeunes. Cette pétition parle de « transformation radicale« , évidemment sans la moindre esquisse de piste ni de solution. Prôner la révolution totale, le nouveau monde, le grand soir, la transformation absolue devient une habitude quand plus personne ne sait que faire et un mode de fuite de la réalité. Le mélange de néant et d’utopie, en provenance du « star system », de la société du spectacle, s’impose ainsi dans le débat public en toute normalité. Le feu des paillettes se substitue au débat intellectuel, en perdition. Il prospère dangereusement sur l’affaissement intellectuel le recul de l’esprit critique, la béatitude et la morale du troupeau…
Maxime TANDONNET