La logique de repentance bat son plein dans le monde occidental. L’Allemagne vient d’annoncer son intention de présenter ses excuses à la Namibie pour un génocide intervenu au début du siècle. La voie paraît ouverte pour un nombre infini d’actes de repentance. L’histoire de l’humanité est faite d’une succession de massacres. Chacun doit-il donner lieu à un acte de repentance? Par exemple, les Américains et les Canadiens vont-ils s’excuser pour l’extermination des Indiens? les Australiens, les néo-zélandais pour la destruction des populations aborigènes? Pendant que le monde occidental rumine sa mauvaise conscience, la guerre terroriste bat son plein. Les massacres s’enchaînent sur le sol de l’Europe. Après Paris, Bruxelles, Nice et les 84 tués de la promenade des Anglais, Munich vient d’être à son tour frappé par un carnage sanglant. La réaction des autorités politiques et des faiseurs d’opinion est atterrante. Elle est presque toujours identique: la négation et l’oubli aussi vite que possible. L’idéologie de la mauvaise conscience et de la haine de soi écrase les esprits. La dictature de l’émotion ne cesse de s’amplifier. Il est inadmissible, inconcevable que l’Occident, oppresseur par définition, puisse être lui-même victime. Donc, les faits sont à chaque fois niés ou minimisés. On parle de loup solitaire, de malade mental, de fou furieux. Le tournant de l’histoire, qui a fait passer le monde occidental de puissance dominante à cible d’une agression criminelle est rejeté, nié, refusé. L’attitude des autorités politiques est stupéfiante. Elle tient toute entière dans le déni. « Circulez, y a rien à voir. » Bombarder l’Etat islamique daesh ne réglera rien. Le terrorisme est dans les esprits, répandu partout, se nourrissant de ses martyrs. Le djihadisme est un état mental particulier, mystérieux, une sorte de nihilisme absolu qui consiste à tuer et à massacrer le plus possible dans des conditions d’atrocité les plus inouïes, y compris sa propre vie. Face à ce nihilisme sacralisé, contradiction génératrice d’une violence hallucinante, culte de la mort comme fin en soi qui porte en germe la destruction de toute humanité, quelles sont nos armes d’occidentaux? Pour l’instant aucune. Nous sommes toujours dans la phase de sidération, de stupéfaction, d’attentisme. Les gesticulations grotesques de nos classes dirigeantes et médiatiques n’y changeront rien. Le piège se referme. Tout ceci n’est qu’un début, les signes avant-coureur de la catastrophe qui vient. L’aveuglement volontaire (par lâcheté) ou involontaire (par bêtise) n’y changera rien. Avant tout, il faudrait en finir avec le culte de la mauvaise conscience et de la repentance qui paralyse les défenses du monde occidental. C’est vers l’avenir qu’il faut regarder, un avenir extrêmement sombre que nul ne veut voir en ce moment et se préparer au pire.
Maxime TANDONNET