Jadis, sous les quinquennats précédents, le chômage était un enjeu politique essentiel. Son augmentation à partir de 2018 fut la cause directe des difficultés de la présidence Sarkozy et de la faillite de la présidence Hollande. Aujourd’hui, c’est plus simple: le chômage a disparu des écrans radar. Il n’en est plus question. Le chômage – ou la question de l’emploi – est étouffé en tant que sujet de société par la peur de l’épidémie. Sans doute faut-il y voir la conséquence du déclin de la valeur travail comme pilier de la vie sociale. Mais surtout, la formidable confusion autour des statistiques est à la source d’une perte de repères sur laquelle s’enracine la propagande officielle. Ainsi, l’INSEE, repris par les médias et les journaux parle de 2,4 millions de demandeurs d’emploi selon le mode de calcul du BIT en juillet 2021. Ce chiffre débouche sur un taux de chômage de 8,1%. Il signifie que la crise sanitaire a été surmontée sur le plan de l’emploi et ses conséquences effacées. Cependant, les statistiques de pôle emploi (DARES, ministère du travail) bien qu’émanant elles aussi de source officielle, sont radicalement différentes. Elles font état, pour la même période, de 3,5 millions de chômeurs inscrits en catégorie A (au sens du BIT), soit un million de plus que l’INSEE. Elles pointent presque 5,7 millions de demandeurs d’emploi au total (toutes catégories A, B et confondues). Les chiffres de l’INSEE donnent l’image d’une situation plutôt favorable. Bien au contraire, les statistiques de pôle emploi – établies au plus près par le décompte un à un des demandeurs d’emploi inscrits – décrivent une situation désastreuse et un chômage battant des records historiques en France. Certes des écarts entre les modes de décompte sont parfois inévitables (et donneront lieu à moult explications techniques) mais rien ne saurait justifier une différence aussi colossale d’un million de chômeurs. Bien entendu, c’est la bonne statistique de l’INSEE qui est considérée comme la vérité officielle par la presse bienpensante. Grand silence, absolument personne pour relever l’effarante contradiction. D’ailleurs, entre 2,4 et 5,7 millions, le gouffre du mensonge est impressionnant. Plus que jamais: on se moque des Français.
MT